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Mais, à partir d’ici, l’extase monte à un degré encore plus élevé ; elle s’élance en plein surnaturel, dans la voie de Dieu ou dans la voie de Satan. Au quatrième degré, l’intuition de l’âme est plus ferme, et elle entre en relation immédiate avec le monde intellectuel. L’extatique, alors, connaît la pensée d’autrui, voit ce qui se passe dans des lieux éloignés, comprend les langues qu’il n’a pas apprises, et se sert de ses sens, quoique en état de léthargie, pour parler et agir. Mais souvent, et ceci caractérise l’extase diabolique, le trouble des facultés, leur déplacement, sont des phénomènes incohérents, déréglés, et tout, dans la perception des choses secrètes dévoilées au sujet, tend à une œuvre mauvaise ou, pour le moins, inutile. Chez l’extatique que le ciel protège et inspire, le calme est absolu, au contraire ; la vision est d’une douceur ineffable ; ce sont les saints anges qui guident sa pensée, qui entr’ouvrent les portes du ciel à ses yeux charmés ; et toujours l’extase à une raison d’être divine, elle comporte un enseignement nécessaire au bien de l’humanité.

Enfin, à son cinquième et plus haut degré, l’extase devient le ravissement ; le corps est affranchi des lois de la gravitation et de la mécanique, il se déplace sans aucune force motrice ; les phénomènes intérieurs sont complétés par des phénomènes extérieurs que la raison humaine est incapable de comprendre et que toute la science de nos savants modernes ne saurait expliquer.

Miss Diana Vaughan est une preuve vivante de ce que la naissance dans de certaines conditions (cas de Sophie Walder) n’est pas d’absolue nécessité pour amener la possession à l’état latent : même, la grande-maitresse de New-York ne se trouve dans cet état que depuis une époque relativement récente.

Tout en étant rédigé sur un plan arrêté d’avance, au point de vue des grandes divisions, mon ouvrage, qui représente plus de deux années de publication, est forcément sujet à des modifications sur quelques points, à raison des événements qui se sont déroulés depuis que j’ai pris la plume ou des renseignements nouveaux que j’ai obtenus.

C’est ainsi que, me fondant sur les notes recueillies jusqu’en septembre 1892, j’ai classé miss Vaughan (chapitre XXII) au nombre des personnes obsédées, mais non possédées par le diable, et je l’ai présentée comme un exemple sans doute unique d’une obsession des plus bizarres, un cas exceptionnel d’obsession protectrice, par opposition à l’obsession persécutrice. En effet, longtemps ce fut cela. Mais, depuis que ce chapitre a été livré à la publicité, les mois ont succédé aux mois, et un supplément d’information m’a appris que le cas de la chère Diana avait subi une notable transformation.

La dernière fois que je l’avais vue avant de me mettre au travail, c’était