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veulent l’action armée pour établir la République universelle, démocratique et sociale.

Je vous serre la main. Salut à votre charmante femme.

Votre sincère ami,
Félix Pyat.

La réponse ne se fit pas attendre.

Elle fut, aussi, immédiatement publiée par tous les journaux à rédaction maçonnique :

Garibaldi à Félix Pyat
Caprera, 6 mars 1880.
Mon cher Pyat,

Vous êtes le héros populaire des barricades parisiennes. Merci pour votre affectueuse lettre, bien que j’eusse raison de me plaindre du long silence que vous avez gardé à mon égard.

Hartmann est un vaillant jeune homme, à qui tous les honnêtes gens doivent estime et reconnaissance. Le ministre Freycinet et le président Grévy ne souilleront point leur nom de républicains honnêtes par l’extradition d’un proscrit politique ; cela serait digne des hyènes de Versailles.

L’assassinat politique est le secret pour conduire à bon port la Révolution. Les souverains appellent assassins les amis du peuple. Les vrais républicains, Agésilas Milano, Pierri, Orsini, Pianori, Monti et Tognetti ont été, dans leur temps, des assassins ; aujourd’hui, ce sont des martyrs, objets de la vénération du peuple.

Hœdel, Nobiling, Moncasi, Passanante, Solowief, Otero et Hartmann sont les précurseurs du gouvernement de l’avenir, la République sociale.

L’assassin, c’est le prêtre exécré, qui assassina d’abord le progrès à l’aide du bûcher, et qui assassine maintenant les consciences avec le mensonge.

C’est le prêtre qu’on doit déporter en Sibérie, et non Hartmann et ses compagnons.

Je vous serre affectueusement la main. Saluez pour moi le brave Vallès.

Toujours à vous,
G. Garibaldi.


Ainsi la haute-maçonnerie dictait publiquement ses ordres. Les FF∴ Grévy, Freycinet, Lepère, Cazot, Jules Ferry, n’avaient qu’à obéir. M. Andrieux, dans ses Souvenirs d’un préfet de police, n’a pas révélé grand’chose au sujet de cette affaire Hartmann ; il n’a pas fait allusion aux deux lettres ci-dessus ; il s’est borné à écrire quelques mots au sujet du rôle du gouvernement, qui, voulant sauver Hartmann, tout en ne rompant pas officiellement avec l’ambassadeur de Russie, biaisa et feignit de n’être pas certain de l’identité de l’homme arrêté.

Je crois que M. Andrieux aurait pu faire d’autres révélations intéressantes. À cette époque même, il était franc-maçon, chevalier Kadosch ; en même temps que préfet de police, il était membre du conseil de l’ordre, au Grand