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elle-même, mais d’un démon, qui a commencé par l’escamoter, elle, c’est-à-dire qui la tient là, tout à côté, dérobée aux regards, et qui a pris d’abord sa forme et un costume (matière diabolisée) ressemblant au sien.

Dans l’expérience dite de la fluidification, le sosie diabolique de Sophia pourrait donc parfaitement traverser le mur autrement qu’en état de nudité ; mais, en démon obscène qu’il est, il a imaginé ce prétexte des vêtements non-fluidifiables (n’oublions pas que c’est Bitru) pour inciter Mlle  Walder à se dévêtir, d’abord, et quand il s’est installé à sa place, sous les apparences de son corps mis à nu, il prolonge ce honteux spectacle, sous prétexte de faire admirer aux assistants la transformation progressive d’un corps vivant en cadavre et d’un cadavre en spectre impalpable. Quant à Sophia, dans cette expérience comme dans celle des substitutions, elle doit, par l’effet d’une autre jonglerie démoniaque lui faisant illusion à elle-même, croire qu’elle joue réellement le rôle dont son sosie infernal est le seul et véritable acteur ; elle ne traverse pas la muraille, mais elle est transportée, instantanément ou non, de l’autre côté, sans avoir conscience de son transport, et elle ne reparaît elle-même, à la fin du prestige, qu’à raison de la disparition du diable jugeant utile de terminer là sa comédie.

Un des motifs sérieux qui me font croire qu’il en est ainsi, c’est la réponse que je reçus du Hiérarque chargé de donner le coup de cloche, interrogé par moi après une de ces tenues de grand-rite.

Je lui demandai :

— Puisque, durant toute l’expérience, vous êtes dans la partie est du temple, il vous est impossible de discerner à quel moment Sophia, spectrifiée, est prête à passer en fluide par les pores invisibles de la muraille ; ou alors c’est que vos yeux auraient la faculté de voir au travers de la pierre et de l’acier, ce dont je doute. Comment donc savez-vous que l’instant est venu de donner le coup de cloche ?

— Je ne vois pas au travers du mur, me répondit-il ; j’ignore absolument où l’opération en est dans la partie ouest ; mais j’ai, dès le début, la main sur la corde de la cloche, et c’est une force mystérieuse, entrant tout à coup dans mon bras et le secouant, qui m’oblige à sonner. Cette force est irrésistible

Il m’offrit, à raison de mon grade équivalant au sien, d’en faire la constatation, en assistant Sophia à sa première opération de ce genre ; mais c’eût été me mêler directement à l’action diabolique, et je refusai. Témoin, mais non complice, telle a toujours été ma ligné de conduite.

En résumé, voilà deux prestiges que j’ai consciencieusement étudiés, deux œuvres de grand-rite pour lesquelles est réputé indispensable le concours d’une Maîtresse Templière Souveraine, c’est-à-dire d’une Maîtresse Templière ayant eu la révélation d’Astarté et que j’appelle, moi, une possédée à