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Mais ne nous occupons pas uniquement de ce local ; voyons comment, en général et partout, s’effectue l’opération.

Un mur, épais de soixante centimètres au moins, a été bâti au milieu de la salle, la divisant en deux parties égales. Cependant, un espace, large d’un mètre, a été ménagé à droite et à gauche, afin que les assistants puissent circuler tout autour. C’est là ce qu’on appelle « le mur d’expérience ». Ce mur s’élève jusqu’au plafond, excepté au milieu, dans la partie supérieure où il est coupé de cinquante à soixante centimètres carrés ; dans cette échancrure, on a logé une grosse cloche, dont la corde prend du côté du mur opposé à l’entrée de la salle.

La salle elle-même est rectangulaire ; l’entrée est à l’ouest et sur le tambour qui donne accès, il y a une sorte de tribune, par conséquent assez élevée, où se tient un projecteur, avec son appareil (lumière oxhydrique) dont les rayons sont dirigés vers le milieu du mur d’expérience. À l’autre extrémité de la salle, se trouve une tribune semblable, également avec un projecteur. Il n’y a pas d’autre éclairage de la pièce, de sorte que toute la lumière est vivement projetée et concentrée sur le mur d’expérience, sur chacune de ses faces. Au milieu, à hauteur d’appui de main, se trouve une balustrade en fer, demi-circulaire, de chaque côté du mur.

La séance va commencer. Frères et sœurs arrivent ; munis de leurs titres palladiques sans lesquels ils ne pourraient pénétrer. Ils se placent où ils veulent ; chaises et banquettes sont disposées en deçà et en delà du mur d’expérience, à un peu de distance de la balustrade. Naturellement, comme on va le comprendre, la majeure partie s’installe dans la partie ouest de la salle ; car le plus intéressant est de voir l’opérante se transformer peu à peu en spectre pour traverser la muraille de pierre. Les meilleures places seraient à droite et à gauche du mur, à l’endroit par où l’on peut aller de l’ouest à l’est ; mais là, il n’y a pas de chaises, afin que la circulation ne soit pas entravée et pour ne faire aucuns privilégiés. Aussi, quand la traversée est sur le point d’avoir lieu, tout le monde se presse pour venir en ces deux endroits. Les derniers venus se placent dans la partie est ; là ils verront seulement Sophia sortir du mur, auprès d’un Hiérarque, qui se tient debout dans le demi-cercle du côté est.

À l’heure fixée, Mlle Walder arrive, conduite par un Mage Élu. Elle est dans sa toilette habituelle de grande-maîtresse ; elle n’a apporté, ce jour-là, aucun serpent. On adresse au Dieu-Bon une courte invocation. Puis, Sophia met le genou droit en terre, devant le Mage Élu, qui la bénit, en récitant une formule cabalistique. Après quoi, les assistants sont invités à examiner le mur d’expérience, à le sonder. On constate qu’il est plein, qu’il ne cache aucun subterfuge ; en effet, nulle part il ne résonne creux ; la bâtisse massive est visible ; la lumière des projecteurs se promène sur les deux faces