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En attendant, je la rassurai entièrement, quoique moi-même assez perplexe. Encore une fois, j’avais été obligé de modifier mon diagnostic. Ce n’était décidément pas à une fausse péritonite hystérique que j’avais à faire, mais bien à une belle péritonite, ou plutôt métropéritonite.

Quelques heures après, en effet, elle était, reprise, et des accidents formidables se déclaraient. Elle resta un bon mois sur le flanc. Le tout : se termina par une salpingite suppurée… Mais il ne s’agit pas de médecine ici. J’ai voulu, principalement, montrer, par l’exemple de Sophie Walder, jusqu’où peut aller la rage de la haute-maçonnerie, et justifier, en même temps, ce que je disais plus haut, savoir qu’un possédé latent est bel et bien sujet aux maladies ; sa nature semi-diabolique ne l’en préserve aucunement.

Ainsi, voilà une personne qui est d’ordinaire comme vous et moi. Elle, n’a rien de l’hystérique, que j’ai décrit, et on ne saurait la prendre non plus pour une possédée telle que les victimes de Loudun et autres, passées en revue dans un long chapitre.

Le possédé latent produit des phénomènes plus étranges encore que, ceux des possédés ordinaires. Nicole de Vervins, avons-nous vu à la fin de sa possession, ouvrit sa bouche qui s’élargit démesurément, et un porc, un chien et un taureau vivants en sortirent. Ceci ne serait qu’un jeu, si l’on peut dire, pour un possédé latent. Dans aucune affaire d’exorcisation, par contre, on n’a constaté un cas pareil à celui du marabout sataniste Sidi-Mohammed Abderrhaman, que j’ai cité, dans le n° de juillet 1894 de la Revue Mensuelle (pages 202 à 204, Chronique du Surnaturel) : ce marabout, vivant encore, appartenant au village de Tifrit-nait-ou-Malek, des, Beni-Sedjour, commune d’Azazga, se coupe la tête à volonté, devant les gens ; il porte le couteau sur lui-même, se tranche le cou, le sang coule, la tête roule par terre, en grimaçant ; puis, après être resté quelque temps, ainsi décapité, il remet son chef en place ; une fois, le prestige ne put réussir, par l’effet d’un arabe chrétien, qui se trouvait là et récita mentalement des prières ; le marabout sataniste ne parvint qu’à s’entailler gravement, se fit une blessure atroce, et fut en traitement cinq ou six mois à l’hôpital de Tizi-Ouzou. Voilà un possédé latent.

Évidemment, il n’y a pas là miracle ; il y a supercherie du démon. De même, dans le cas de Sophia opérant, en grand triangle ou parfait triangle, des œuvres de grand rite. L’un de ses prestiges les plus célèbres est celui de la traversée du mur. Je l’ai indiqué ; M. De la Rive, d’autre part, l’a fait connaître, avec des détails fort précis, mais sans chercher à l’expliquer, ni au point de vue naturel, comme œuvre de prestidigitation, ni au point de vue surnaturel, comme œuvre de magie diabolique.

Mlle Walder, prétendant avoir la faculté de se fluidifier, a renouvelé cette expérience dans plusieurs capitales, et à diverses reprises, notamment à