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entre les mains des anarchistes russes. Ce n’est pas tout : la maçonnerie est aussi coutumière de l’empoisonnement, on le sait, pour se débarrasser de qui la gêne ; eh bien, chez les nihilistes de Kiew, on trouve encore toute une collection variée de poisons.

La haute-maçonnerie s’appuie sur les juifs, je l’ai démontré dans le chapitre précédent. Or, voici ce que le correspondant russe du Soleil écrivait à son journal (n° du 6 juin 1879) :

« La population juive elle-même, jusqu’ici profondément indifférente à tout ce qui n’était pas négoce, se montre aujourd’hui entamée par la propagande socialiste la plus radicale. D’innombrables brochures en hébreu, et en dialecte allemand, spécialement adressées à la jeunesse juive, ont été saisies. Plusieurs israélites sont arrêtés. Ils ont déclaré, avec enthousiasme, être les apôtres de la religion nouvelle, la religion révolutionnaire, mêlant dans un curieux pêle-mêle les théories nihilistes et le langage biblique. « Renversez tout l’ancien monde du mensonge et de l’oppression ; sur ses ruines se déploiera ensuite, dans une lumière rayonnante, le drapeau rouge de la Révolution sociale. » Tel est le diapason auquel sont montés les esprits. Dans une situation semblable, toutes les surprises sont à prévoir. »

Nous voici en 1880 ; c’est l’année des décrets Ferry et de l’amnistie pleine et entière pour les communards ; on expulse, etiam manu militari, les religieux français appartenant aux ordres les plus détestés par la secte maçonnique, et l’on fait rentrer les révolutionnaires incendiaires et assassins, dont plusieurs deviendront bientôt fonctionnaires ou députés.

Ea France, les anarchistes russes n’étaient alors aucunement inquiétés ; c’était seulement pour la forme que notre police les surveillait ; si bien que l’ambassadeur de Russie à Paris était obligé d’avoir une police à lui pour se tenir au courant des menées de ses dangereux compatriotes. En effet, c’est l’ambassadeur de Russie, le prince Orloff, qui, le 15 février, apprend au préfet de police Andrieux qu’un certain allemand, se disant Édouard Mayer, originaire de Berlin et récemment établi dans notre capitale, n’est autre que le fameux Hartmann, l’auteur de l’attentat du chemin de fer de Moscou. L’ambassadeur est sûr de son fait, il réclame l’arrestation du régicide ; M. Andrieux ne peut la refuser, et Hartmann est arrêté sur les Champs-Élysées, où il se promenait en compagnie de quelques anarchistes auxquels un agent russe s’était mêlé.

Je crois qu’il n’est pas sans intérêt de rappeler ici, avec des détails précis, en quoi avait consisté le crime d’Hartmenn. Nous allons le voir tout à l’heure glorifié par les chefs de la franc-maçonnerie, et j’aurai à rappeler la tartuferie, en cette occasion, de nos gouvernants d’alors.

Le récit du crime a été fait par Hartmann lui-même, interviewé pur un