Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien pour l’humanité une fin honteuse et répugnante, qu’Adonaï se délecte à prescrire ; « l’odeur de la pourriture plaît au dieu des catholiques » (blasphème d’Adriano Lemmi). Par conséquent, en se basant sur le dogme luciférien, au nom duquel le corps humain est seul l’œuvre d’Adonaï, il faut, après la mort, c’est-à-dire lorsque l’âme émanée du Dieu-Bon l’a abandonné, il faut détruire cette œuvre par les flammes divines de Lucifer.

Ainsi, les initiés des triangles n’éprouvent aucune crainte à la pensée da Feu éternel qui les attend dans l’autre monde : ils sont les sabéistes modernes, les adorateurs du Feu. Rappelons-nous qu’au Labyrinthe Sacré de Charleston, c’est la Porte Ignis seule qui ouvre sur le couloir souterrain conduisant au sanctuaire du Dieu-Bon ; il y a là un enseignement très caractéristique ; Lucifer ne peut pas dire plus clairement à ses fidèles qu’il les attend, par la voie du feu, dans le séjour du feu.

Enfin, pour que rien ne manque à cette formidable duperie exercée par Satan au détriment de ces malheureux insensés, le malin les éblouit par des prestiges, dont on a pu deviner la nature par un passage du court extrait que je viens de produire d’une des conférences de miss Vaughan.

Les diables, qui apparaissent dans les triangles, sous la forme de spectres d’humains, sous le nom des trépassés évoqués par les médiums lucifériens, se déclarent en parfait bonheur au royaume des esprits du feu. C’est là, on le conçoit, une gigantesque mystification, et réellement on ne peut qu’avoir grande pitié de ces aveugles, de ces triples fous qui se laissent berner à ce point par le père du mensonge et sa cohorte de compagnons de révolte.

Mais c’est ici la place de la relation que j’ai promise pour compléter mon récit, concernant la séance du 11 mars 1881 où Gallatin Mackey tomba dans une espèce de léthargie, extraordinaire, pendant que des flammes jaillissaient des cavités du nez et des yeux du prétendu crâne de Jacques Molay. J’ai expliqué à quelle occasion ce phénomène annuel avait lieu, du vivant du docteur Mackey (voir au premier volume, pages 336 et suivantes) ; j’ai indiqué les raisons que j’ai de ne pas croire à l’authenticité de la religion templière, apportée à Charleston par Isaac Long, et j’ai dit pourquoi j’admets assez volontiers l’absence de supercherie dans cette manifestation surnaturelle dont j’ai été témoin (voir au second volume, pages 26 et suivantes).

Ce compiément de ma relation, que j’avais réservé, me servira à terminer ce chapitre.

Donc, tandis que des cavités du crâne-relique les flammes sortaient avec des sifflements aigus, entremêlés de hurlements sombres, et qu’elles s’allongeaient, affectant des formes de reptiles, se balançant dans l’espace et obligeant les assistants à se reculer pour ne pas être atteints, le docte Albert