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Levez les yeux vers le firmament, contemplez le magnifique spectacle que l’univers offre à vos regards… Du feu, du feu partout !… Ce soleil, qui féconde la terre, qui entretient la vie dans tout notre système planétaire, ce soleil bienfaisant, c’est du feu… Plus mystérieux encore que notre feu terrestre, il brûle là-haut dans l’immensité depuis des siècles ; la science de l’astronome vous apprend qu’il ne consume rien, et pourtant il brûle ; le télescope constate ses lacs de flammes ; le globe solaire n’est qu’un foyer de feu, vivant de lui-même, dépourvu de toute matière d’alimentation ; sans rien consumer, sans s’éteindre, il brûle, il brûle toujours !…

Et ce soleil n’est qu’un point dans l’espace. Cette étoile, là-haut, plus loin, est encore un soleil, autour duquel gravite un autre système planétaire ; et toutes ces autres étoiles sont aussi tout autant de soleils animant tout autant de mondes et les réchauffant de leur éternel feu !…

Ô Feu, qui es-tu donc ?… Un mystère de la création d’un Dieu unique ? une œuvre d’Adonaï ?… Non, non ! Tu es l’âme du Dieu-Bon, tu fais partie intégrante de son principe éternel ; oui, tu es la substance divine de Lucifer, en laquelle ses fidèles un jour se confondront… Tu es l’esprit visible, et non tangible, par lequel Lucifer, Dieu des cieux et Roi des mondes, se manifeste aux humanités de toutes les planètes, se montre dans une gloire permanente, radieuse, et se fait comprendre à quiconque, être pensant, possède en même temps la vraie foi et la vraie raison !

Tel est le fond de la thèse palladique sur le Feu ; et voilà comment le Feu est divin.

On a vu plus haut qu’il est dit, dans le Catéchisme de Rose-Croix, que la maçonnerie tire de l’Inde sa plus grande somme de connaissances. En effet, tout ce qui est luciférien dans la doctrine maçonnique, tout ce qui constitue aujourd’hui le Palladisme, se rattache plus ou moins directement au luciférianisme asiatique ; et nous savons que ces contrées orientales sont bien celles qui méritent le mieux le nom de « royaume de Satan ».

En particulier, la théorie palladique du Feu Divin paraît bien être d’origine indienne. Ignis, feu, vient d’Agni, qui est le dieu du feu dans la mythologie hindoue ; et agni, en sanscrit, signifie : vif, agile. Or, le dieu Agni est un, quoique répandu partout. « Il n’y a qu’un feu, allumé en plusieurs lieux », disent les Védas ; ou encore : « Agni, dispersé en tous lieux, reste un seul et même roi ». Or, les lettres L. D. R. qui figurent entrelacées sur les cordons des Inspecteurs Généraux et des Inspectrices Générales du Palladium en mission permanente[1], signifient : Lucifer, Deus, Rex, qu’on interprète par : Lucifer, Dieu des cieux et Roi des mondes. Ceci est une

  1. Le cordon d’Inspecteur Général du Palladium est de fond vert-d’eau moiré, avec étroite bordure de moire blanche liserée de noir. Au centre, en broderie, sont entrelacées les lettres L, d’or, D, d’argent, et R, rouge, surmontées du diadème impérial du Dieu-Bon. Ce diadème, sorte de mitre-diadème, d’étoffe d’or, porte à son sommet un croissant d’argent ; le bord supé-