Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« R. Oui ; le spectacle que j’ai eu sous les yeux m’a fait songer à cet aphorisme, et, depuis lors, la vérité qu’il contient m’a toujours frappé.

« D. Quel est donc cet aphorisme ?

« R. C’est celui-ci : « Igne Natura Renovatur Integra », ce qui se traduit mot à mot ainsi : « par l’Ignition (le feu) la Nature se Régénère Intégralement. »

« D. I

« R. N.

« D. R.

« R. I.

D. Qu’a-t-on fait après cette découverte ?

« R. Guidés par le Très Sage, tous mes Frères ont applaudi,

« D. Les voyages finis, les travaux ont-ils été parfaits ?

« R. Le Très Sage a ordonné qu’on me conduisit aux pieds de Celui devant qui tout fléchit, pour y prêter mon obligation[1].

« D. Comment la prêtâtes-vous ?

« R. Dans l’état le plus respectueux, le cœur pénétré de ce que je disais, et avec la ferme résolution d’observer toutes mes promesses. »


Voyons, en toute simplicité et bonne foi, la Maçonnerie, même dans ses rites officiels avoués, est-elle, oui ou non, un acheminement vers le Palladisme ?… Je le demande, qui oserait soutenir le contraire ? Qui aurait l’audace de prétendre qu’il s’agit, en tout ceci, d’honorer purement et simplement la nature ? La corne de Satan ne perce-t-elle pas à travers ce rituel et ce catéchisme de Rose-Croix ?

Il y a des naïfs, dans les loges symboliques, à qui l’on fait croire même que les hommages des membres des hauts grades s’adressent au Dieu des chrétiens, mais en le dégageant de quelques dogmes inventés par les prêtres et répugnant à la raison. Oui, il y a des maçons-gogos assez naïfs pour avaler de pareilles couleuvres. Or, voici le texte même du sacrilège et exécrable serment prêté par le Rose-Croix, agenouillé devant le Triangle de Feu :


« Je promets et jure sur l’honneur, renouvelant solennellement en ce jour les obligations que j’ai jurées dans les grades précédents, de ne jamais révéler les secrets des Chevaliers Rose-Croix, à aucun Frère de grade inférieur ni à aucun Profane, sous peine d’être à jamais privé de la parole et d’être perpétuellement dans les ténèbres.

« Qu’un ruisseau de sang coule sans cesse de mon corps, que je souffre les plus rudes angoisses de l’âme, que les épines les plus piquantes me servent de chevet, que le fiel et le vinaigre deviennent mon breuvage, que le supplice de la croix termine enfin mon sort, si jamais je contreviens aux lois qui me seront prescrites.

« Je promets aussi de ne jamais révéler le lieu de ma réception au grade de Rose-Croix ni par qui j’ai été reçu.

  1. C’est devant un triangle de Feu que le néophyte Rose-Croix prête son serment : et ce triangle représente bel et bien Lucifer, mais on ne le lui dit pas : c’est à lui de comprendre.