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ce monde-là est au milieu des flammes, le visage souriant, l’air heureux, et des anges de lumière posent des couronnes sur les fronts de ces grands hommes si en honneur dans la secte.

En introduisant dans cette salle le récipiendaire jugé digne de pouvoir y être conduit, — car, je ie répète, tous n’y vont pas, — le F∴ grand-expert ne lui dit pas autre chose que ces trois mots, bas, à l’oreille : « Voyez et méditez. » Et, au bout de quelque temps, on vient le chercher, pour l’amener à la Chambre Rouge, où doit s’achever son initiation de Rose-Croix.

Cette promenade de la Chambre Noire à la Chambre rouge, en passant par la Chambre aux transparents lumineux, est nommée le « dernier voyage ». Le récipiendaire est censé avoir été envoyé à la recherche de la Parole mystique, qui avait été perdue au grade de Maître, lors de la mort d’Hiram. Les candidats Rose-Croix, rangés en file indienne, ont fait leur entrée dans le temple rouge sous la conduite du grand-expert, lequel alors à remis au Très-Sage une petite boîte cachetée, que celui-ci s’est empressé aussitôt d’ouvrir. Cette boîte contient un parchemin sur lequel sont écrites les quatre lettres : I. N. R. I. C’est à ce moment que le Très-Sage en a donné et la lecture et l’explication que j’ai reproduite plus haut, en déclarant que c’est bien là la parole sacrée qui avait été perdue, la clef du grand mystère maçonnique.

Or, l’incident que je viens de résumer est rappelé à mots couverts, ai-je dit, dans le catéchisme de Rose-Croix. À présent que nous avons éclairé la lanterne, on va comprendre le passage dont il s’agit. Le voici :


« D. Que cherchiez-vous dans votre dernier voyage ?

« R. La vraie parole, perdue par le relâchement des Maçons.

« D. L’avez-vous retrouvée ?

« R. Oui ; notre persévérance nous l’a fait recouvrer.

« D. Qui vous l’a donnée ?

« R. Il n’est permis à qui que ce soit de la donner ; mais, ayant réfléchi sur ce que j’ai vu, je l’ai trouvée, avec l’aide de Celui qui en est l’auteur.

« D. Donnez-la-moi.

« R. Je ne le puis.

« D. Comment pourrai-je alors la connaître ?

« R. En m’interrogeant sur mes études.

« D. D’où avez-vous tiré le plus de connaissances ?

« R. De l’Inde.

« D. Qui vous a le mieux guidé ?

« R. La Nature

« D. Qu’a-t-elle produit en vous ?

« R. Ma Régénération.

« D. Qu’avez-vous eu à combattre ?

« R. L’Ignorance.

« D. Dans votre dernier voyage, n’avez-vous pas remarqué quelque grande vérité contenue dans un ancien aphorisme des premiers philosophes ?