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rendre à l’homme les trésors qu’il leur a confiés ; le premier élément doit donc se rapporter au printemps.

« Dans l’été, le ciel plus pur semble briller d’un éclat plus vif, le soleil lance ses rayons les plus ardents qui semblent descendre en langues de feu pour donner la parole aux êtres vivants, l’air raréfié par la chaleur acquiert une action plus active ; c’est donc à l’été que se rapporte l’élément Air.

« L’automne, saison des pluies, est, à son tour, caractérisée par l’élément Eau, dont le Verseau est le symbole.

« Enfin, pour caractériser la dernière saison, écoutons ce que le poète dit du quatrième élément :

« Ignis ubique latet, naturam amplectitur omnem ;
      « Cuncta parit, renovat, dividit, urit, alit. »

« C’est à dire : le Feu se cache partout, il embrasse toute la nature ; il produit, il renouvelle, il divise, il consume, il entretient tous les corps.

« Dans l’hiver, en effet, le calorique se concentre, et, tandis que des frimas couvrent la surface du sol, la nature prépare, dans l’intérieur, toutes les merveilles qui doivent charmer nos yeux au printemps et nous enrichir en automne ; c’est alors que le Feu central, le Feu élémentaire, le Feu de la nature agit avec plus de force et de pouvoir ; c’est alors que, quoique caché, ignis ubique latet, il opère ses plus étonnantes merveilles ; c’est alors qu’il embrasse la nature, naturam amplectitur omnem, qu’il la féconde, qu’il opère, dans l’univers entier, ce mouvement qui nous ramène, par un ordre constant et éternel, le soleil et ses beaux jours. C’est le Feu caché, mais toujours agissant, qui produit tout, qui entretient tout, cuncta parit, cunctaque alit ; c’est ce Feu, l’âme de la nature, dont il renouvelle perpétuellement les formes, qui divise les éléments des corps ou qui réunit leurs molécules éparses, cuncta renovat, cunctaque dividit ; c’est le Feu, enfin, qui, après avoir été le principe de la vie de tous les êtres, devient, par suite de son activité, la cause toujours agissante de leur destruction et de leur agrégation à d’autres mixtes, cuncta urit.

« Les Sages des temps antiques jugèrent le Feu tellement actif que, le considérant comme le premier agent de la nature, ils en firent d’abord l’emblème de la divinité, puis la divinité elle-même. »


Remarquez avec quel luxe de précautions, la Maçonnerie procède. Elle glorifie à outrance le Feu ; mais, se renfermant ici encore dans le panthéisme, c’est à peine si elle en entrebâille la porte, pour montrer qu’il n’est pas absurde de rendre au Feu des honneurs divins. Elle se garde bien de traiter d’imposteurs et de superstitieux les prêtres du sabéisme ; elle les appelle pompeusement les Sages des temps antiques » ; c’est au sacerdoce et à l’Église catholiques qu’elle réserve, nous l’avons vu constamment, les invectives et les mépris, les mots d’imposture et de superstition.

Du reste, voyons la suite du catéchisme de Rose-Croix :


« D. Donnez-nous votre opinion sur la parole maçonnique ou le Verbe.

« R. La parole maçonnique est le Verbe civilisateur du genre humain. Lien de la sociabilité, elle fait participer l’universalité des hommes à la vivifiante lumière de la Vérité, en les menant à la certitude par l’évidence. Lyre sacrée,