Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On sait que, d’après la tradition, l’Ante-Christ sera juif. Le secret de la Salette dit que son père sera un évêque (sans doute un évêque apostat, gagné secrètement au satanisme), et sa mère, une fausse religieuse.

Évidemment, ceci n’indique pas qu’une Godlike-Enchantress mettra au monde l’Ante-Christ ; mais ce passage du secret de la Salette mérite d’être rapproché des révélations de la sœur de Nativité, et alors la lumière se fait plus vive.

Que dit, en effet, la sœur de Nativité dans ses révélations ?… Lisez ; c’est frappant :

« Pour mieux contrefaire les institutions de l’Eglise, les impies établiront de prétendues religieuses, qui se voueront, de parole, à la continence et se nommeront par excellence les Épouses des Cantiques ou du Saint-Esprit… Les révélations, les extases ; les ravissements de corps leur arriveront sous les yeux de tous… Ces prétendus Saints Illuminés s’assembleront de nuit avec les prétendues Épouses des Cantiques… Je vois qu’une de ces impures doit donner le jour à l’Ante-Christ, qui vraisemblablement aura pour père un des principaux magiciens. »

Voyez encore ce passage de sainte Hildegarde :

« L’homme de péché naîtra d’une femme impie, qui, dès son enfance, aura été initiée aux sciences occultes et aux artifices du démon ; elle vivra dans le désert (c’est-à-dire retranchée du sein de la société) avec des hommes pervers, et s’abandonnera au crime avec une ardeur d’autant plus effrénée qu’elle s’y croira autorisée par les communications d’un ange. »

Il me paraît très naturel d’admettre que les Godlike-Enchantress répondent exactement à la définition obtenue par le rapprochement du secret de la Salette et des révélations de la sœur de Nativité et de sainte Hildegarde. En effet, les palladistes sont, dans le sens satanique, les parfaits illuminés, les vrais Saints (Kadosch, saint, consacré). Il ne faut pas oublier non plus que l’expression « Godlike-Enchantress » qui a prévalu correspond à l’expression latine de Pike « Divinæ cantatrices », soit : divines magiciennes ; et Cantatrix signifie à la fois « magicienne » et « diseuse d’incantations ». La salle des Cypriennes est le Nuptorium ; elles sont les nuptæ cantatrices, les magiciennes épousées par les diables ; par conséquent, le terme « Épouses des Cantiques » s’applique parfaitement à elles.

L’institution va en se développant. Si aujourd’hui plusieurs de ses monastères diaboliques se dissimulent sous les apparences de harems musulmans ou d’annexes de lamaseries ou de couvents brahmanes, il est à craindre que quelque jour, si l’institution vient à prendre pied en Europe, elle établisse une de ses communautés sous d’autres dehors trompeurs, encore plus hypocrites ; et vraiment, quand on sait quelle est la mission secrète des Serpents Roses, on se demande si la chrétienté n’assistera pas à cette