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n’avais jamais eu l’intention de passer les Godlike-Enchantress sous silence ; seulement, d’après mon plan d’ouvrage, exposé au premier volume, il est évident que c’était à cette onzième partie que j’avais à parler d’elles.

Les Godlike-Enchantress constituent un ordre religieux diabolique, fondé par Albert Pike au sein du Palladisme ; s’est une sorte de congrégation féminine, une élite de jeunes sœurs. Toutefois, ce n’est pas le nom que Pike leur donne dans son livre la Conduite secrète du Palladisme, où se trouvent les règlements de cette institution. Il les appelle d’un nom latin : Divinæ Cantatrices. Mais la désignation en langue anglaise (the Godlike Enchantress) a prévalu dans les triangles, sans doute parce que cette archiconfrérie luciférienne n’a réussi jusqu’à présent qu’aux États-Unis d’Amérique (très peu) et dans les Indes (assez bien). La communauté la mieux organisée est aux environs de Calcutta. Il y en a aussi une à Tauris (province triangulaire 65), laquelle a été créée par la Mère-Loge le Lotus des Enfants d’Ismaël. Enfin, les triangles mixtes de la province 69, qui est la plus vaste comme territoire, ont fondé un certain nombre de ces communautés.

Dans un rapport à Albert Pike, le F∴ Gregor Milisch, inspecteur général du Palladisme en mission permanente à Llassa, se félicitait d’en avoir établi quatre au Thibet, d’accord avec les prêtres du lamaïsme, et il les disait en assez belle prospérité.

Ces vestales de Satan sont divisées en deux classes :

1o Les Minervales, qui sont des filles de condition vulgaire, des enfants de parias, volées dès leur bas âge et élevées dans le secret de la communauté, pour être les servantes, les esclaves des parfaites initiées de la congrégation ;

2 Les Cypriennes, qui sont prises parmi les filles naturelles de palladistes, nées de l’épreuve du Pastos et dont les Mages Élus font tout autant d’épouses mystiques du démon.

Les unes et les autres sont recluses, cloîtrées ; ce sont les nonnes du diable. À cet égard, la comparaison que mon correspondant anonyme tentait d’établir entre elles et miss Vaughan est tout à fait défectueuse : les Godlike-Enchantress ne sont nullement des inspectrices générales, des propagandistes allant et venant dans toutes les contrées du globe.

L’institution est loin de déplaire aux palladistes ; mais, si elle n’a pas encore complètement réussi, cela tient aux difficultés d’établir ces communautés. Ainsi, dans un pays comme la France, il serait absolument impossible de créer un de ces couvents sataniques sans que le public et les autorités le sachent. En Amérique, la chose est plus faisable. Dans les pays musulmans ou bouddhistes, il n’y a plus aucune difficulté. Ainsi, dans la province 65, les couvents de Godlike-Enchantress sont censément des harems, appartenant à tel ou tel puissant personnage. Au Thibet, on les confond avec les lamaseries. Aux Indes, on les prend pour des couvents brahmanes.