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Le Baiser du Mage est réservé aux frères et sœurs palladistes du 2e degré, en qui apparaissent certaines marques de prédestination aux faveurs du Divin Maître. Dès qu’il est reconnu que quelqu’un de ces initiés a particulièrement des aptitudes évocatrices, c’est-à-dire qu’il est vocate procédant, un Mage Élu lui confère ce cinquième sacrement ; par un baiser sur la bouche, il lui insuffle un esprit, lequel alors résidera en lui comme dans une demeure préférée. Ce baiser du Mage n’est donc, en réalité, qu’une haute imprégnation diabolique ; il fraye la voie au démon ; celui ou celle qui l’a reçu devient vocale élu et sera fort souvent en état de possession.

L’Éternel Pacte est le sacrement par lequel sont liés au diable les Mages Élus et les Maîtresses Templières Souveraines. Les premières, dans la séance de leur initiation au 3e degré palladique, et les secondes, le lendemain de leur désignation par la révélation d’Astarté, reçoivent l’onction du saint-chrême luciférien, fabriqué par les Godlike-Enchantress de l’Inde, et souscrivent le pacte de leur sang. L’Éternel Pacte correspond au sacrement de l’Ordre chez les catholiques.

À l’Extrême-Onction est opposé le septième et dernier sacrement luciférien, nommé la Préservation. Un triangle apprend-il qu’un de ses membres est sur le point de trépasser ; vite un Mage Élu se rend auprès du moribond. Du bout de l’index de la main droite, le Mage Élu touche successivement au malade l’oreille droite, la bouche, et l’oreille gauche, en prononçant à voix basse certaines paroles cabalistiques. Cette opération a pour but, et, assure-t-on, aussi pour résultat « d’empêcher le moribond de parler et d’entendre, s’il vient à être mis en présence d’un prêtre du Dieu-Mauvais » ; elle le préserve et le sauvegarde « contre les assauts du sacerdoce adonaïte ». Ainsi, si un prêtre catholique veut convertir un palladiste à l’article de la mort, ses efforts demeureront infructueux ; il ne pourra l’exhorter efficacement ni lui arracher une parole ; ses tentatives de confession seront vaines, attendu que la bouche et les oreilles du luciférien agonisant seront et resteront « fermées pour l’ennemi, par l’effet du dernier triangle ».

Albert Pike explique, dans la Conduite secrète du Palladisme, comment chacun de ces sept sacrements, en particulier, a été divinement institué, et quelles grâces divines sont, à leur occasion, communiquées au fidèle de la religion luciférienne. Il est à remarquer que chacun a un signe visible ; ce qui rend complète la parodie des sacrements catholiques. Les 1er, 2e, 5e et 6e sacrements ne sont conférés qu’une seule fois, et leur vertu est qualifiée d’indélébile.

Les catholiques ont le scapulaire, des médailles bénites et indulgenciées ; les palladistes ont des amulettes, des talismans. J’en ai assez longuement parlé au cours de cet ouvrage, pour n’avoir pas à y revenir (voir, notamment, tome II, pages 338 à 349 ; dessins aux pages 233 et 321). Il importe seulement