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des chefs inconnus n’a pas ouvert à l’adepte les portes du temple palladique. C’est pourquoi, au premier degré du Rite Suprême, on reçoit le deuxième sacrement luciférien, qui correspond à la Confirmation chez les catholiques. L’Armement est conféré par un Mage Élu. Le baptisé du feu comprend maintenant le sens de son primitif passage par les flammes ; il est confirmé dans sa foi nouvelle ; il est armé, au nom de Baal-Zeboub, pour combattre désormais vigoureusement Adonaï et son Église.

L’Heptagathon est qualifié « sacrement de la fraternité palladique ». Il constitue une des roueries les plus perfides de Satan, pour se faire considérer vraiment comme Dieu-Bon, lorsqu’il entraîne dans la croyance à sa divinité certaines âmes charitables. L’Heptagathon est, en effet, la pratique habituelle de la bienfaisance envers les malheureux, les déshérités de la fortune, les misérables ; mais il faut soulager la misère, dans le but d’honorer Lucifer ; en d’autres termes, on sera sept fois bon en donnant son superflu aux pauvres, avec la pensée bien arrêtée que l’on combat ainsi Adonaï, auteur de tous les maux dont souffre l’humanité. Le palladiste charitable doit consacrer le septième de ce qu’il gagne ou de son revenu à l’exercice de l’altruisme et se dire, chaque fois qu’il donne : « L’homme fut créé pour être heureux sur terre, tous devraient avoir le bonheur, et il en est qui souffrent : maudit soit Adonaï ! » Aussitôt après avoir remis l’aumône, on baise pieusement une statuette ou une médaille du Dieu-Bon. Ainsi seulement, la charité est méritoire aux yeux de Lucifer. Donner aux pauvres, en se maintenant dans cet état d’esprit, c’est fréquenter le troisième sacrement. Inutile de dire, n’est-ce pas ? que, même avec de telles pensées antichrétiennes, ce sacrement d’Heptagathon est fort peu en vogue chez les palladistes ; les bienfaisants sont l’infime exception.

Par contre, le quatrième sacrement, le Saint-Sacrifice, est le plus en honneur dans le luciférianisme. Ce nom désigne l’acte conjugal, pratiqué aussi fréquemment que possible, même et surtout en dehors du mariage légitime. Ce sacrement est réputé le plus cher à Lucifer parmi ceux qu’il a institués ; son institution, est-il enseigné dans les triangles, remonte au Jardin d’Éden. Accomplir ce devoir, c’est faire la « vraie communion », dans le sens exact du mot, dit Pike, qui, à ce sujet, se livre à des comparaisons avec le sacrement catholique de l’Eucharistie, comparaisons blasphématoires qu’il m’est absolument impossible de reproduire. L’organisateur du Palladisme va jusqu’à fixer le minimum de fréquentation annuelle du quatrième sacrement luciférien, et il appelle « saints » ceux qui le pratiquent quotidiennement. Chaque fois que l’on a recours à cette communion, assure-t-il, on offre au Dieu-Bon le sacrifice qui lui est le plus agréable. Seules en sont dispensées celles des Maîtresses Templières qui ont reçu la révélation d’Astarté et qui, devenues ainsi Souveraines, sont épouses d’un esprit du feu.