Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Et voilà pourquoi nous souhaitons tous, nous qui pensons, nous qui avons souffert et médité, hommes et femmes, artisanes et reines, nous souhaitons la venue de la Femme qui changera la face du monde, cette face grimaçante, hypocrite et immonde qui donne aux justes l’horreur de l’existence !

« Car la Femme, c’est l’Altruiste par excellence, et pour peu que nous opposions l’Égotisme à l’Altruisme, nous verrons que l’Égotisme est essentiellement masculin, de vice masculin, de vice suprême : l’homme est un loup pour l’homme.

« L’Altruisme, au contraire, est d’essence féminine, de vertu féminine, de vertu suprême, je dirai presque fatale : par ses flancs et par son cœur, étant Maternité, c’est-à-dire Bonté et Amour. Or, l’Altruisme est tout cela.

« Oui, l’Altruisme émane de l’âme féminine, et c’est pourquoi il est la vraie religion de l’humanité. Aujourd’hui, il se révèle aux peuples, mais dégagé de tout crépuscule ; il n’est plus le détachement bouddhique, ni le sacrifice chrétien, et c’est en cela surtout qu’il est féminin, plus que jamais à notre heure actuelle de Lumières approchantes. Car il n’est plus, cet Altruisme, la loi du renoncement, — loi de convention ou de vertu individuelle, — qui ne peut s’ériger en loi véritablement humaine, c’est-à-dire universelle…

« Non, l’Altruiste ne renonce pas : il veut la juste répartition, la part à chacun, et il réclame sa part légitime.

« Ainsi fait la Femme !

« Elle clame et réclame son droit au soleil, à la vie, à l’amour !

« Elle se refuse virtuellement à la loi de sacrifice et de douleur, érigée en dogme, et qui lui fut, surtout à Elle, impitoyablement imposée !

« Elle réclame : elle est mère ; elle veut la vie et les fruits de la terre pour ses fils ; elle ne refuse point les dons de la Nature…

« Créatrice, elle ne saurait confesser le néant ; elle croit au bonheur ici-bas, et y attache fortement ses berceaux !

« Elle est vraiment Altruiste ; car, si elle demande, — et c’est ce qu’elle fait aujourd’hui, — son dû à l’homme pétrisseur de dieux injustes, elle ne le demanderait jamais au détriment de la collectivité.

« Il sera facile de faire cette preuve.

« La Femme, — et c’est aujourd’hui sa grandeur et le signe de sa mission, — ne se réclame que du droit humain, du droit de l’être créé égal ! Elle repousse la conception da Dieu partial ; elle n’accepte plus la Faute et la responsabilité du Péché et du Mal, mais elle se lève pour les écraser sous son frêle talon.

« Et voilà la Genèse nouvelle et la nouvelle religion : la religion du Droit. »


Rien n’est plus curieux, n’est-ce pas ? que ce mélange d’anticatholicisme, de socialisme féministe et de mysticisme rationaliste.

Ailleurs, dans le même numéro, Mme Renée Marcil termine ainsi son premier article :


« Femmes que la Science fit conscientes, femmes que la Libre-Pensée fit libres, unissez-vous pour libérer le peuple immense de celles qui souffrent et gémissent sur la terre.

« Après le Noir, la Blanche ! »