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« Laissez venir à nous la Femme-Prêtresse, qui dégagera la voie divine terriblement encombrée !… Je ne vois plus guère qu’Elle qui puisse faire parler, — au lieu de vos dieux sourds et muets, — le Dieu entendant et parlant de la Nature, que l’athée lui-même salue dans le lever sublime du soleil. »

Un peu plus loin :

« … Pourquoi la Femme, aux mains si délicates, au cœur si intuitif, ne serait-elle pas admise à panser les plaies de l’âme aussi bien que celles du corps ?

« Craint-on qu’elles n’enseignent un Dieu point assez orthodoxe, point assez cruel, capricieux, autocratique, point assez semblable à l’homme fait à son image ?

« Craint-on que le Dieu nouvellement traduit ne se courrouce enfin contre le vieil attirail, louche et féroce, de notre civilisation, dont l’esprit religieux est cependant la clef de voûte et une clef que les saints portiers des Temples ne sont pas disposés à rendre de bonne grâce ?

« Il est certain que l’Esprit de la Femme s’envolera plus haut vers la sainte Pitié, — d’autant plus simple que plus logique et appuyée sur les faits humains, — et que son Eglise sera beaucoup plus vraiment la vraie Eglise que celle de MM. Paul Desjardins et Cie.

« L’Esprit de la Femme est profondément rationaliste, et, depuis la dernière levée des féminins boucliers, d’aucuns parmi ses adversaires, aussi bien que parmi ses amis, s’avisent qu’Elle est à la fois très positive et très pratique, sans 'préjudice de son idéalité essentielle, que la plus simple traduit par la sensibilité, faute de pouvoir la formuler autrement.

« Or, c’est précisément ce positivisme qui, joint à l’Idéalisme, fait l’équilibre féminin, équilibre parfait chez les femmes bien douées naturellement et renforcé par l’habitude de l’analyse et de l’analogie, qui l’élève à l’esprit de synthèse et fera de la Femme future un précieux et sincère élément de renouvellement social. »

Ennemie jurée au confessionnal catholique que M Desjardins conserve dans sa réforme, Mme Renée Marcil ajoute immédiatement :

« Je ne vois pas à l’horizon le Dieu masculin, guérisseur des maux humains, que les néo-chrétiens espèrent guérir ou au moins soulager à coups de confession ? »

Voici la conclusion de cette longue polémique contre les néo-chrétiens :

« Est-ce notre faute, si votre nouvelle Église ne nous dit rien de bon, non plus que le bloc enfariné de la fable ?

« Non ! vous n’allez pas à l’Altruisme ! à ce grand torrent qui doit laver les souillures de l’humanité et qui s’épanche sur le monde, pour le féconder à nouveau !

« Non ! vous êtes poussés aux agenouillements de l’immobilisme, bien que vous sembliez vous agiter ; vous êtes rivés à l’hypnose confessionnelle, peut-être parce que vous vous sentez criminels, à force d’impuissance à concevoir la définitive conception du Bien !

« L’Égotisme se cache et roule ses plis orgueilleux sous le manteau de pitié et d’amour dont vous vous revêtez, peut-être ingénument…