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ment, par la libre-pensée, qui émancipe peu à peu les femmes de la tutelle des hommes. La femme trahit la cause de la bonne Déesse, quand elle se fait adoratrice du méchant Dieu ; cela, c’est l’abomination de la désolation.

Au jour de la rénovation sociale, le monde sera complètement retourné. Il n’y aura plus de prêtres du Noir ; le culte saint étant adopté alors par l’humanité entière, la Blanche étant reconnue par tous bonne Déesse, le sacerdoce sera exercé uniquement par des prêtresses. Les femmes diront la messe nouvelle et confesseront les hommes. L’Esprit de la Femme pénètrera toute l’humanité de sa bienfaisante influence ; l’Esprit de l’Homme sera enchaîné dans les abimes, d’où il n’aurait jamais dû sortir. Chaos étant réduit à l’impuissance, l’harmonie, avec tous ses bienfaits, règnera sur notre globe, et il en sera ainsi dans les autres mondes ; car toutes les planètes des divers systèmes solaires sont habitées, et là il y a aussi actuellement, comme chez nous, les mêmes antagonismes, les mêmes maux, les mêmes injustices. Le règne du Noir cessera partout à la fois dans l’univers, par le triomphe de la Blanche au sein des régions de l’invisible.

Visiblement, la bonne Déesse, la Blanche, ce qui veut dire la lumineuse, d’où son nom Lux, se manifeste, multipliée à l’infini, sous la forme d’astres-soleils, qui sont tout autant de centres de mondes planétaires. La bonne Déesse à placé là son principe vivifiant, qui est le feu du ciel, et qui répand partout la chaleur et féconde l’univers. Visiblement, le méchant Dieu, le Noir, l’aveugle et obscur Chaos, se manifeste par tout ce qui entrave l’œuvre de la Blanche : c’est lui qui déchaine les fléaux décimant l’humanité, les orages détruisant, avant la moisson et la vendange, les fruits de la terre donnés aux peuples par le principe divin émanant du soleil ; c’est lui, l’auteur de toutes les catastrophes, de tous les cataclysmes, depuis le déluge antique jusqu’aux tremblements de terre qui ont renversé tant de villes modernes.

Avec l’harmonie future, que rêvent les adoratrices de la Blanche, les hommes auront perdu leur rudesse, leur égoïsme et leur barbarie. Il n’y aura plus de guerres. En politique, les nations feront un pacte social qui règlera une bonne fois, sans le concours de parlements permanents, l’administration des peuples, et ce pacte sera fidèlement observé partout. La politique, telle qu’elle existe aujourd’hui avec toutes ses intrigues, aura cessé d’exister et aura fait place à une sage administration, réglée par les lois les plus simples, administration à laquelle participeront toutes les capacités nationales, sans distinction de sexe. L’homme continuera à travailler, les conditions du travail étant partout adoucies ; son gain, variant d’après son intelligence et son activité, mais n’étant plus soumis à l’arbitraire du capital spéculateur et créateur de la misère, apportera l’aisance et le bien-être à la famille. Le sacerdoce masculin sera partout aboli, puisque le méchant Dieu ne sera plus adoré nulle part. La femme, rétablie au rang qui