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peuvent être extrêmement variées : poison, poignard, nœud coulant. La révolution sanctifie tout sans distinction. »

Pour arriver à la destruction finale de l’ordre social actuel, il faut « une série d’attentats et d’entreprises audacieuses, insensées même, épouvantant les puissants et réveillant le peuple, jusqu’à ce qu’il ait foi dans le triomphe de la révolution. »

C’est de 1874, cela. Eh bien, je le demande, ce programme sanguinaire n’a-t-il pas été suivi, n’est-il pas suivi à la lettre ?

Voici encore ce que Bakounine écrivait dans sa brochure Paroles adressées aux étudiants :

« Quittez les écoles et les universités, et venez vivre avec le peuple, afin de favoriser sa délivrance. Ne vous souciez pas de cette vaine science, au nom de laquelle on veut vous lier les mains. »

Et plus loin :

« Le brigand est le vrai héros, le vengeur populaire, l’ennemi irréconciliable de l’État, le véritable révolutionnaire en action, sans phrase et sans rhétorique puisée dans les livres. »

Qui oserait dire aujourd’hui que ces sauvages appels n’ont pas été entendus ?

Dans le Catéchisme révolutionnaire, le chef des anarchistes écrivait :

« Le révolutionnaire est un homme voué. Il ne doit avoir ni intérêts personnels, ni affaires, ni sentiments, ni propriété. Il doit s’absorber tout entier dans un seul intérêt exclusif, dans une seule pensée et une seule passion : la révolution.

« Il n’a qu’un but, qu’une science : la destruction. Pour cela, et rien que pour cela, il étudie la mécanique, la physique, la chimie, et parfois la médecine.

« Il observe, dans le même dessein, les hommes, les caractères, les positions et toutes les conditions de l’ordre social.

« Il méprise et il hait la morale actuelle. Pour lui, tout est moral qui favorise le triomphe de la révolution ; tout est immoral et criminel, qui l’entrave.

« Entre lui et la société, il y a lutte, et lutte à mort, incessante, irréconciliable. Il doit se préparer à mourir, il doit être toujours prêt à affronter le dernier supplice ; mais, d’autre part, il doit aussi être prêt à faire périr, de ses propres mains, tous ceux qui font obstacle à la révolution. Tant pis pour lui s’il a dans ce monde des liens de parenté, d’amitié ou d’amour ! Il n’est pas un vrai révolutionnaire, si ces attachements arrêtent son bras. »

Voilà par quels enseignements, distribués en secret, a débuté l’anarchie. Les gouvernements, trompés par la franc-maçonnerie, se sont occupés à faire la guerre à l’Église, et ont fermé les yeux sur le vaste complot des