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Après avoir sauvé le Satan païen (Pluton) par son union Avec Proserpine, il va sauver le Satan chrétien, par son union avec Psyché ; et c’est là le thème de son drame les Noces de Sathan, dont j’ai assez parlé (pages 282 et 283 de ce second volume) pour n’avoir pas à y revenir. Il me suffira d’indiquer comment le messianiste Albert Jhouney résume l’idée fondamentale qui a inspiré cette pièce :

« Il exprime le retour de la luxure à sa pureté par l’idéalisation ‘de la luxure, le retour de la sensation à la pensée par la recherche de la sensation, le retour de la matière à Dieu par les subtilités du scepticisme, qui de nos jours sauvera les âmes en l’acuité de leurs débauches. »

À cette doctrine, on reconnaît bien l’esprit du mal. Manès ne parlait pas autrement, quand il recommandait à ses disciples de rassasier leur corps de toutes les luxures afin de mieux purifier leur âme. Pour M. Jules Bois et autres satanistes modernes, Psyché, qui est l’âme humaine, doit se livrer à Satan toute entière, et c’est ainsi que s’opérera la Rédemption de Satan.

Quand on professe de semblables théories, on est mal venu à traiter M. de Guaita de mage noir.

M. Jules Bois est un des plus ardents troubadours occultistes célébrant Isis, la bonne Déesse. L’Étoile a dit de lui : « On sent partout en Jules Bois ce culte du Principe féminin qui fait l’homme délicat et supérieur ». Si à ses yeux Psyché est l’âme humaine, Isis est précurseur du Paraclet.

Il termine ainsi son petit livre sur les Petites Religions de Paris :

« Sois bénie, sainte Isis, mère sanglante, toi qui as tant souffert qu’il t’est permis de pardonner. Tu restes la seule divinité qui sauvera le monde. Tu fus l’aurore du Messie d’Amour ; tu annonças avant Jésus, le Paraclet. Étant la femme pure, mais toute brûlante des expériences de la vie, tu effaces la faible Vierge, la Marie de la douloureuse Église : Te voilà, ô pacificatrice des peuples, la Déesse de l’universelle Rédemption, la Reine de la Vie et de la Mort, la Meilleure et la plus belle ; — ô créatrice des invincibles certitudes, te voilà au-dessus des intelligences égarées, le Cœur. »

Cette citation peut donner la clef de la revue ésotérique le Cœur, fondée et dirigée par M. Jules Bois, illustrée de dessins mystiques par Antoine de La Rochefoucauld. Dans la dédicace de son dernier poème (la Porte héroïque du Ciel), adressée à Antoine de La Rochefoucauld, M. Jules Bois s’exprime ainsi :

« Vous avez su, vous, noble frère et grand artiste, placer sur le seuil de la Porte Héroïque une jeune fille de l’Orient, cette petite Isis que Jésus a laissée au poète, afin qu’il ne s’éteigne pas de désespoir. Là, vous avez atteint le plus magnifique ésotérisme. La femme ouvre la porte héroïque du ciel, et sur les rocs de l’héroïsme qui y conduisent, sa main, aussi délicate que le pétale des lis, peut devenir le bouclier et le glaive contre le Mal de l’Invisible et du Visible conjurés. C’est par l’union de la femme intuitive et vigilante avec l’homme aux