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confier à de savants praticiens de Berne. Il était trop tard : il mourut dans cette ville, le 1er juillet de la même année. Point n’est besoin de dire que sa mort fut celle d’un impie. Son dernier soupir s’exhala dans un blasphème. Élisée Reclus, Jankowski, Paul Brousse, vinrent pérorer sur sa tombe. Trois mois après, un grand congrès des révolutionnaires anarchistes se réunit à Berne. On y fit l’apothéose de Bakounine ; on lança l’anathème à tous les gouvernements ; on y flétrit même la Commune, qui fut dénoncée au mépris des vrais internationaux comme ayant été « un type de gouvernement autoritaire », puisqu’elle avait eu une armée et des services publics.

Le panégyrique de Michel Bakounine a été fait par Élisée Reclus et Carlo Cafiero, qui disent de lui dans une brochure de propagande :

« Amis et ennemis savent que cet homme était grand par la pensée, la volonté, l’énergie persévérante ; ils savent aussi quelle hauteur de mépris il ressentait pour la fortune, le rang, la gloire, toutes ces misères que la plupart des humains ont la bassesse d’ambitionner. Gentilhomme russe, apparenté à la plus haute noblesse de l’empire, il entra l’un des premiers dans cette fière association de révoltés qui surent se dégager des traditions, des préjugés, des intérêts de race, mépriser tout bien-être. Avec eux, il combattit la dure bataille de la vie, aggravée de la prison, de l’exil, de tous les dangers et de toutes les amertumes que les hommes de dévouement ont à subir dans leur existence tourmentée. »

En réalité, Bakounine fut un fanfaron du vice, un orgueilleux du mal, et certainement un instrument de l’enfer. Il a poussé, plus loin que personne, l’audace des pires exagérations des doctrines révolutionnaires. Il disait familièrement : « Il n’y a pas de Dieu ; mais chacun de nous doit être un Satan ; à l’assaut du ciel, mes amis ! exécutons le nommé Dieu, et que pas même son souvenir ne demeure parmi les hommes ! »

Dans les derniers temps de sa vie, il créa une imprimerie à Genève ; de là sortaient son journal, le Révolté, et ses brochures de propagande secrète. Les émissaires des Frères Internationaux venaient en Suisse s’approvisionner de ces écrits incendiaires et les colportaient ensuite, les distribuant dans les ateliers des divers pays d’Europe.

Le Révolté qui fut pendant longtemps l’organe officiel du parti, était rédigé par Michel Bakounine, Élisée Reclus, Pierre Kropotkine et Émile Gautier.

Dans ses brochures, le chef des anarchistes allait aux dernières violences. Qu’on en juge.

Voici, par exemple, ce qu’on lit dans la brochure intitulée les Principes de la Révolution :

« N’admettant aucune autre activité que celle de la destruction, nous déclarons que les formes dans lesquelles doit s’exprimer cette activité