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les chefs d’écoles comme des théories vraies, sérieuses, à adopter définitivement dès l’initiation, les différents groupes de l’occultisme ne pourraient pas se réunir pour travailler ensemble, tant leurs dogmes sont en opposition les uns avec les autres. Le fond est donc le même, puisqu’un occultiste passe indifféremment d’un groupe matérialiste à un groupe déiste. La plus éclatante manifestation de cette identité de dernier arcane a été le Congrès dit spirite et spiritualiste international, qui s’est tenu à Paris, au Grand Orient de France (16, rue Cadet), du 9 au 16 septembre 1889 ; et ce congrès prouve, en outre, une fois de plus que c’est bien la franc-maçonnerie qui est l’âme de toutes ces fédérations d’occultistes.

Dans ce Congrès, l’armée des ouvriers de Satan a voulu recenser ses forces et sa puissance, se rendre compte des ressources dont elle dispose en Europe, en même temps que constater les résultats déjà obtenus et préciser le plan à suivre à l’avenir. Spirites et Mages, Hiérophantes et Nécromanciens, Bouddhistes et Gnostiques y scellèrent solennellement leur union infernale.

De toutes les parties du monde accoururent à Paris les représentants de toutes les écoles et cénacles diaboliques. En moins de trois mois, ils se groupèrent jusque dans l’Inde. Les adhésions arrivèrent par centaines, par milliers. Spirites, Spiritualistes, Kabbalistes, Théosophes, Magnétistes, Swedenborgiens, Théophilanthropes, Francs-Maçons étaient là, représentés par leurs délégués, délégués de plus de 40.000 adhérents et de 95 journaux. Les délégués au Congrès formant l’état-major et la partie militante de la grande armée sataniste, j’en donnerai la liste complète, d’après le Compte rendu officiel du Congrès.

Les délégués au Congrès[1] se divisaient ainsi :

ESPAGNE :

Madrid : Dr Joaquin Huelbes Temprado, Dr don Manuel Sanz y Benito, don Thomas Sanchez Escriban, Mme Sanz y Benito, don Bernardo Alarçon, don José Agramonte.

  1. M. de Torres-Solano, le 16 septembre, salua le Congrès au nom de plus de cent sociétés et groupes spirites de l’Espagne, des Îles Baléares, de Cuba et Porto-Rico, de Coïmbre, de Senemagor, du Portugal, de Médellin (Colombie). — Il avait présidé l’année précédente, le Congrès spirite, de Barcelone, et pris en main le mouvement général de la fédération spirite en Espagne. « Nous avons là, dit-il au Congrès de Paris, plus de cent associations, treize journaux, une fédération pour la propagande gratis du spiritisme, et diverses institutions, spirites, de secours mutuel et de bienfaisance ; nous donnons des conférences publiques et contradictoires avec toutes les écoles privées, littéraires, dans un grand salon et un théâtre ; comme le spiritisme s’étend beaucoup, il commence à être respecté, parce qu’il travaille pour la cause de la régénération humaine. »
    Dans une des séances préliminaires du Congrès de Paris, Leymarie, rendant compte de ce Congrès de Barcelone, constatait avec orgueil que ce grand acte de réhabilitation dans l’opinion, vingt-cinq ans après l’auto-da-fé des œuvres spirites sur la place des suppliciés, marquait une étape considérable dans la marche du spiritualisme moderne. Il avait été suivi d’une grande réunion des libres-penseurs de la Péninsule Ibérique, représentant 150.000 signataires, qui avaient voulu que cette réunion fût présidée par les spirites qui avaient présidé le Congrès.