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doyen d’une paroisse importante, un autre docteur en Sorbonne. » Ces apostats qui se cachent avec le plus grand soin sont heureusement peu nombreux. L’Étoile cite encore, mais en se gardant bien de le nommer, « un savant théologien français, initié aux Arcanes de la Rose-Croix, et l’un des 12 grands-maîtres actuels de cet Ordre occulte (1890)[1]. »

En 1890, à la Fraternité de l’Étoile s’adjoignit l’apostolat gnostique, dirigé par le F∴ Doinel : « À l’heure qu’il est, dit l’Étoile (8 noverhbre 1890), la Fraternité de l’Étoile représente le noyau de cet apostolat. Et l’union, dans un Concile, de cette fraternité et de la Gnose sera le premier gage et la première sanction de cet apostolat. »

Dans la pensée de Jhouney, ses poèmes ne sont que la grande synthèse de la tradition ésotérique et symbolique, en religion, science et art. L’idée est annoncée dans l’Étoile sainte, elle est concentrée dans les Lys noirs, et s’épanouit dans le Livre du Jugement, les trois œuvres capitales du jeune goète.

On a vu plus haut comment l’Enfer, dans ce système, n’est qu’un reflet du ciel. Il doit disparaître dans le feu de l’amour ; c’est le gnosticisme valentinien poétisé.

« Dieu d’un baiser sèche tout le lac de l’enfer. »

La damnation ne saurait être éternelle ; « la justice ne doit s’exercer que par le feu de l’amour » :


    « Par une orageuse alchimie
En l’Adam-Ève, en nous, tout Satan sublimé
Verra, par bulles d’or, monter son infamie,
Pendant que nous, d’un vol au Seigneur abimé,
En Rédempteurs, en Rédemptrices,
    En jets d’infinis sacrifices,
Nous nous sublimerons à Jéhovah fondus,
Et Satan, converti, suivra notre envolée,
    Toute sa substance exhalée
Transfigurant sa honte en Héros éperdus. »

Pour montrer jusqu’où va le délire de M. Jhouney, je crois utile de reproduire encore les vers qu’il a dédiés à « un Démon » qui lui est apparu revêtu d’une tunique féminine et dont il se déclare l’admirateur. Et qui sait si ce diable, l’abusant, ne s’est pas livré à ce gnostique, pour mieux consommer le pacte ? Les vers de M. Jhouney permettent de tout supposer :

  1. Deux autres prêtres, Sterlin et Houssay, faisaient en même temps un appel aux Français, proposant d’initier à la Fraternité quiconque, homme ou femme, désirerait être initié, et rédigeaient un projet d’organisation du clergé libre dans la République libre. L’abbé Roca prétendait que plus de 1.000 prêtres avaient répondu à cet appel ; mais, je ne saurais trop le répéter, tout cela n’est que fanfaronnade ; les Judas du clergé sont extrêmement rares.