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chaires, elle s’est glissée jusque dans les confessionnaux… Au lieu de paitre les troupeaux, les pasteurs se paissent eux-mêmes…

Je demande pardon à mes lecteurs de reproduire de telles grossièretés ; mais il faut bien que l’on juge ces gens-là.

Quant au Néo-Christianisme, qu’il s’agit de substituer à « ce Christianisme abâtardi et maudit de Dieu », il est surtout emprunté aux doctrines de la Kabbale, de préférence à celles du Bouddhisme : « Les Néo-Bouddhistes, dit A. Jhouney, ne prient pas ; les initiés à la Kabbale prient un Dieu conscient qui a créé le monde par amour… La Sainte Kabbale croit en Dieu, et la doctrine des Mahatmas est une doctrine athée. » Est-ce Bouddha ou le Christ qui l’emportera ? À cette question, les Mages de l’Étoile répondent : « C’est le Christ solaire du Zohar, le Christ social ! »


« Le Christ solaire de la Kabbale Zoharite se lève ! s’écrie le poète-prophète. Devant lui, vont disparaître les étoiles coupables et les soleils trompeurs, c’est-à-dire les sacerdoces. Le mal, Satan lui-même[1] est condamné, comme le serpent qui se mord la queue, à se dévorer lui-même. Il n’a en lui rien de substantiel ; il sera détruit à la longue et résorbé par l’être, Arihman, prince des anges noirs, par Ormuzd, prince des anges blancs, l’enfer par le ciel. L’enfer et le ciel


« Sont comme un reflet l’un de l’autre,
Et l’Adam-Kadmon-pur, idéal,
A pour miroir Adam-Bélial,
Qui dans le fétide ennui se vautre.
L’Enfer est un miroir déformant,
Une onde visqueuse où l’on se brise
Du rayon sacré que l’ombre irise,
Et change en couleur d’abaissement.
Toute la laideur du noir abîme
N’est que la beauté des cieux vivants,
Rompue aux remous morts et mouvants
Du mal que l’éclat d’en haut ranime ;
Et sans les rayons divins, perdus
Parmi la torpeur de son visage,
L’Adam-Bélial, malgré sa rage,
Se décomposant, ne serait plus. »


Les messianistes ont fondé un Ordre ou Fraternité de l’Étoile, ayant pour annexe une « Société d’Etudes », c’est-à-dire une association organisée pour les expériences, évocations et autres pratiques de magie. Cet ordre comprend quatre degrés et reçoit des adhérents de l’un et de l’autre sexe. Et février 1890, l’Etoile annonçait que le 3e degré de la Fraternité de l’Étoile venait de se constituer « avec un noyau de prêtres catholiques, dont un curé

  1. Pour les gnostiques messianistes, Satan désigne, dans leurs anathèmes, la superstition ; et la superstition, c’est l’Église catholique.