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anarchiques ne s’expliquent que trop par les inepties des prêtres, par les bévues doctrinales du cléricalisme, par les pataquès du charabia ultramontain » ;

4° Rapports entre « la transformation religieuse et sociale que préparent, dans le temple même de Jésus-Christ, les Messianites de l’Étoile, les ésotéristes de l’Aurore, les occultistes de l’Initiation, et que secondent à leur manière les socialistes de la Religion Universelle, les économistes de la Revue Sociale, de la Rénovation, et du Devoir, les écrivains de l’École Sociétaire, de l’Unité Humaine, de l’Arbitrage, etc., les spirites et les spiritualistes de toutes les écoles françaises, italiennes, anglaises, espagnoles, allemandes, américaines, kardecistes, swedenborgiennes, — et, d’autre part, la transformation analogue, à laquelle travaillent de leur côté, en dehors du temple de Jésus-Christ, les néo-bouddhistes, les disciples des Mahatmas, tous les adeptes de la théosophie indoue » ;

5° L’évolution « savante » qui se fait en ce moment dans le Temple maçonnique, « d’où peuvent sortir de précieux éléments pour le triomphe du Christianisme ésotérique et social, comme le font espérer les grands travaux du Groupe initiatique, organisé dans les Loges par le clairvoyant F∴ Oswald Wirth ».


Maintenant, si l’on ne craint pas de connaître de quelle façon s’exprime un Judas contemporain, lorsqu’il expose les progrès épouvantables qu’a faits et que fait chaque jour encore, en France, à Paris même, ce qu’il appelle « la rénovation chrétienne » et qui n’est autre que le satanisme des goètes, diseurs de messes noires, lisez ce que l’abbé Roca écrivait, il y a cinq ans seulement, dans son livre le Glorieux Centenaire ; lisez et frémissez.


« Cette rénovation s’annonce par des présages infaillibles ; c’est le jour qui commence à poindre. Voyez l’Initiation ; ce que quarante rédacteurs (tous laïques, ces beaux jeunes hommes) apportent au monde, c’est l’Initiation que le Christ fit aux douze d’abord, puis aux soixante-douze ; celle qui se pratiquait aux premiers âges de l’humanité, dans le secret des temples et sous les serments les plus terribles. Lisez les Missions de Saint-Yves, lisez le Lotus, lisez l’Aurore, lisez le Sphinx, lisez l’Isis, lisez le Lucifer !

« À l’heure où j’écris, des jeunes gens pleins d’avenir, très instruits, porteurs de beaux noms, se sentent irrésistiblement attirés vers les autels du Christ[1] pour y célébrer les divins mystères. Ils sont laïques pourtant, mais initiés, savamment initiés à l’ésotérisme de notre dogme et de notre culte, profondément versés dans les secrets ineffables de la Sainte Kabbale, comme l’étaient les Esséniens, les Thérapeutes hébreux et les Hermétistes égyptiens, chez qui Moïse avait recueilli tous les trésors de la science antique.

  1. Je ne saurais trop rappeler que, lorsqu’on lit la prose d’un occultiste, ce serait se tromper du tout au tout que de prendre les mots dans leur sens habituel. Les goëtes surtout font tout et écrivent tout à rebours. Le Christ, qui est sur les autels dont parle l’abbé Roca, c’est l’éon Christos, des gnostiques, et les divins mystères dont il s’agit ici sont ceux de la messe noire. Il faut, pour comprendre, voir l’article dans son ensemble et ne pas se laisser désorienter par tels et tels termes qu’un vrai catholique emploie, mais qui sont ici tout à fait hors de propos. — Mes lecteurs savent bien qu’un laïc ne peut pas dire la messe. Celles en question ici sont donc des parodies sacrilèges, cabalistiques, où les termes du rituel catholique romain sont pris tantôt à contre-sens, tantôt en dérision. Dans ces messes-là, quand c’est un laïc qui officie, l’hostie a été apportée d’une église (reçue en communion sacrilège), et c’est ainsi une hostie vraiment consacrée qui est profanée ; si c’est un prêtre apostat qui officie, il consacre avant de procéder aux profanations.