Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

EXÉCUTOIRE

Le Très Saint Plérôme invoqué, nous ordonnons que le Décret suscrit du Très Saint Synode Gnostique sera mis à exécution dans les Assemblées.

T Valentin,
Patriarche Gnostique,
Primat de l’Albigeois, Évêque de Montségur.


Tout à l’heure, j’ai laissé tomber de ma plume le nom de l’abbé Roca. C’est toujours avec peine que je cite un ecclésiastique, quand il s’agit de satanisme, et je m’abstiens autant que possible, tant j’ai à cœur d’éviter le scandale. Cependant, il faut parler de celui-ci. Rallié à la maçonnerie, il est allé jusqu’au gnosticisme valentinien.

L’abbé Roca est né à Fourques (Pyrénées-Orientales) en 1830. Ancien élève de l’école des Carmes, à vingt ans il entra, comme professeur, au service de l’Université de France ; il fut ordonné prêtre à Paris, en 1858 ; puis, nommé chanoine honoraire de la cathédrale de Perpignan, en 1869. En 1870, il quitta Perpignan et passa dix ans en Espagne, à Barcelone. En 1880, le voilà qui voyage on Amérique, en Suisse, en Italie. C’est dans ces voyages, à Rome surtout, qu’il conçut l’idée de son apostolat anticatholique. À partir de 1882, commencèrent ses publications, dont les principales sont : le Christ, le Pape et la Démocratie (1884) ; la Crise fatale et le Salut de l’Europe (1885) ; la Fin de l’ancien Monde : les Nouveaux Cieux et la Nouvelle Terre (1886) ; le Glorieux Centenaire (1889). « Les travaux de l’abbé Roca, écrit le F∴ Papus, ont donné lieu à d’importantes polémiques. Cet auteur est le premier qui ait osé prêcher au Pape la raison occulte des dogmes, dont le Saint-Père ignore l’explication. »

La campagne entreprise par ce mauvais prêtre contre l’Église était menée avec une hypocrisie consommée. Il expliquait doucereusement qu’il y avait erreur commise par la Papauté sur les questions de foi et sur la conduite des peuples, et il déclarait prier « pour la conversion de Léon XIII ». Le Souverain Pontife ayant prononcé l’excommunication majeure contre tout membre de la secte maçonnique, l’apostat répondait en proclamant que la franc-maçonnerie est la bonne Église : « L’Évangile est le rituel maçonnique des idées rationnelles, dont les germes gisent enfouis dans notre propre entendement… La franc-maçonnerie est donc appelée à réaliser sur terre les idées évangéliques ; elles rayonnent dans les écrits de Findel, de Craüze, de Bauër, de Lessing et de Ragon. » Et, à l’appui de son dire, il citait ce passage de Findel : « Enfonçons-nous dans les entrailles mêmes de l’humanité et de notre âme, pour y retrouver les sources profondes et sacrées de la Religion, cachées de nos jours sous les ruines des autels et sous les décombres des vieux dogmes. »