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la sagesse infinie se décompose dans le fini, comme une ligne dans ses points individuels ; les Sagesses sont ainsi des petits de la Sagesse.

Quoiqu’il en soit, Akhamoth était remplie de douleur en considérant son infortune, errant dans le chaos, dans le vide ; car, hors du plérome ou la plénitude, il n’y avait que le vide, le néant. Elle se désolait donc au sein du néant. Enfin, les éons supérieurs de la sublime Ogdoade, émus de pitié, lui déléguèrent Christos et sa conjointe Pneuma-Hagion, avec mandat de lui donner une forme tirée de sa propre substance. Alors, des passions qu’Akamoth avait héritées de sa mère Sophia, fut formé l’élément matériel ; ses larmes devinrent les ruisseaux et la mer, son découragement produisit la terre ; en voyant Christos, Akhamoth eut un sourire, et ce sourire créa la lumière, l’élément animal ; Pneuma-Hagion souffla sur elle, et ainsi fut créé l’élément spirituel. Mais ces trois éléments étaient encore mêlés, confondus, sans organisation et sans vie. Christos s’unit à Akhamoth, puis la quitta, et, retournant au plérome avec Pneuma-Hagion, il lui envoya Jésus-Soter, accompagné d’une cohorte d’anges, créés par l’ensemble des éons célestes.

Akhamoth donna naissance au Démiurge, être mixte, tenant à la fois de la nature divine et de la nature physique, qui devait être l’organisateur, l’architecte du monde matériel. Mais le Dérniurge était aveugle. Conduit par Akhamoth, il forma, tant bien que mal, trois mondes avec les productions de sa mère et les façonna à l’instar du plérome. C’est l’ensemble de ces mondes qui constitue le monde inférieur, visible. Les corps y sont organisés d’une petite portion de l’élément matériel ; les âmes, d’une petite portion de l’élément animal ; les esprits, d’une petite portion de l’élément spirituel.

Après quoi, le Démiurge, sous la direction de sa mère et de l’éon Jésus-Soter, réunit un corps organisé, une âme et un esprit, et en forma l’homme terrestre, image d’Anthropos, le 7e éon de la divine Ogdoade. Il aurait voulu, pourtant, le former à sa propre image ; mais la Sophia déjoua ce premier projet en communiquant à l’homme terrestre une étincelle de lumière divine, au moment où le Démiurge venait de le former en le composant d’abord d’une âme et d’un esprit. Irrité de trouver dans son image une intelligence supérieure à la sienne, le Démiurge arracha l’homme du paradis, le précipita de cette région aérienne sur la terre, laquelle est située dans le septième ciel de l’univers, et c’est alors qu’il revêtit d’un corps matériel l’âme et l’esprit, dont l’union formait d’abord l’homme. C’est de cette façon que la création est expliquée par le gnosticisme valentinien. Je passe sur les détails ; car cela deviendrait par trop fastidieux.

L’homme est donc composé de trois éléments : l’intelligence (pneuma), dont l’origine est divine ; l’âme (psyché), qui est une âme animale, qu’il tient du Démiurge, tandis que l’intelligence est l’âme spirituelle, et cette