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bouddhiste en plein Paris, au premier étage du Musée Guimet. M. Jules Bois raconte avec de longs détails un des offices célébrés par ce prêtre bouddhiste, en présence des fidèles parisiens, M. Guimet, M. de Milloué, auteur d’un Procès d’histoire des religions de l’Inde, chaudement préconisé par les adeptes, M. Clémenceau, etc. Le rite principal de ces cérémonies, c’est l’évocation des mille soixante-et-un Bouddhas, visibles pour la foi de l’assistance, invités à un festin composé de huit coupes pleines de chrysanthèmes blancs, un brûle-parfums en forme de lotus, deux soucoupes pleines de riz, un petit plat de gâteaux et une assiette de fruits ; la cérémonie est accompagnée de volutes d’encens, de coups de sonnette, de sons de gong, et de prières telles que celle-ci : « Les Bouddhas font des miracles dans tous les univers, et ils s’y montrent sous des transformations multiples suivant les circonstances. Rien qui puisse vaincre cette force éternelle, capable d’accomplir tous les vœux ! » L’officiant a soin de cacher au peuple pendant la cérémonie les moudras, c’est-à-dire les signes mystiques de ses doigts qui, équivalant à la récitation d’un mantra ou verset, appellent les énergies célestes et conversent avec elles.

Antoine de La Rochefoucauld, le commensal du prêtre bouddhiste Horion-Toki, est un des grands dignitaires de la Rose-Croix Péladanique. Péladan dédie un de ses livres au comte Antoine de La Rochefoucauld, « grand prieur du Temple, archonte de la Rose † Croix ». Entre lui et le Sar, « quelques heures suffirent, dit celui-ci, à la conjugaison de nos verbes, à un pacte qui déjà intéresse toute la culture occidentale… Comblé des faveurs de la naissance, vous pouviez, comme un simple d’Orléans, aller de l’écurie au cercle, appliqué seulement au sport et à l’adultère, à l’instar de votre faubourg. Non ! l’Art se révéla à vos yeux d’alohite la seule aristie, et, prenant des pinceaux, vous avez eu du talent comme un manant… Nos mains s’unirent en une prise de Rose † Croix. Délivrer le saint sépulcre où depuis la Renaissance la beauté solvatrice est ensevelie, défendre les pèlerins qui portent encore le bourdon de l’idéaliste ; voilà l’œuvre où nos deux entités se résolvent en un même effort. La Religion s’est faite art pour parler aux masses ; l’Art se fera religion pour parler au petit nombre… La Rose + Croix du Temple réalise la divine charité et envers les Signorelli et les Palestrina et envers les Marsile et les d’Olivet, ranimant leurs autels déserts ou éteints ; et aussi allumant, pour les jeunes nautes de l’éternel Argo, ce phare sauveur qui s’appela la Magie pour l’Orient, Eleusis pour la Grèce, et Rome pour les chrétiens d’avant 1600… »


Nous arrivons aux Gnostiques Valentiniens, qui, avec les Martinistes, se partagent les francs-maçons adeptes de la magie noire disséminés dans les loges du Rite Français.