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substances physiques ou errant dans l’espace à la recherche d’une matière quelconque dont ils puissent user pour se manifester à nous ; ces êtres essences dynamiques et spirituelles, sont appelés dans la langue exotérique : démons. Les conquêtes de la science appliquée ne sont autre chose que les moyens découverts propres à discipliner ces forces pour les assujettir à notre volonté. La science occulte pratique a surtout pour but d’arriver à connaître d’une façon parfaite la nature et le pouvoir de ces forces, afin de les employer à étendre jusqu’à des limites encore imprévues le pouvoir de l’homme sur la nature ambiante. Les sorciers et les magiciens de tous les temps n’ont été que les complices et les instruments des élémentals. « Quand vous entendrez parler de diables ou de démons, gardez-vous de hausser les épaules ; traduisez tout simplement par élémentals. »

À quel degré de puissance magique est arrivé l’auteur d’Eôraka ? Son livre nous laisse sur ce point dans l’incertitude. Il s’étend assez longuement, il est vrai, sur des faits de divination, de tables tournantes, de phénomènes de typtologie hyperphysique, dont il a été le témoin au château de la Sudric (Dordogne), sa maison natale, et dont on l’accusait d’être l’auteur. Il raconte aussi une anecdote personnelle qui ne manque pas d’intérêt, et qui montre bien le machiavélisme du groupe des Rose-Croix, ne craignant pas de faire conclure à leur hallucination pour mieux cacher le reste.

« J’habitais, dit-il, en 1815, à l’hôtel des Ambassadeurs, 45, rue de Lille, une chambrette voisine de celle d’un de mes amis dont j’étais séparé par une simple cloison. Entre mon ami et moi existait un pari : il s’agissait de savoir lequel de nous deux trouverait le premier je ne sais quelle devinette proposée par un journal. Je découvris une nuit, vers onze heures, la solution désirée, et, mon amour propre se trouvant en jeu, je souhaitai avec une extrême violence la présence immédiate de mon ami que je n’osais pourtant réveiller. Bientôt j’aperçus fort distinctement, et comme dans un nimbe, l’image de mon voisin qui paraissait traverser la cloison. Je fis un bond d’étonnement et le fantôme disparut. Mais j’allai de suite arracher à son sommeil la personne réelle et lui demander avec instance comment elle avait fait pour percer la muraille. Mon ami crut à une hallucination, et je partageai sa manière de voir, n’ayant jamais ouï parler encore des manifestations du fluide astral. Actuellement, je suis bien certain d’avoir évoqué son fantôme… » Et l’auteur rapproche de cette évocation, comme s’expliquant par le même principe, les prodiges opérés par Apollonius de Tyane, Paracelse et… saint François d’Assise.

Franchement, qui peut inspirer pareille comédie, si ce n’est Satan lui-même ?

Rajeunir et réformer le Catholicisme, en lui substituant la science ésotérique, telle que la résume l’Eôraka, c’est là le but de l’Ordre de la Rose--