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« On admet naturellement le miracle, mais comme dérogation aux lois de la nature, ce qui est une hérésie, et comme produit direct de l’intervention de Dieu ou des saints, ce qui est matériellement faux. On admet aussi la goétie ou magie noire, sous le nom singulier de mystique diabolique. Mais on nie obstinément la haute magie, la théurgie, la gnose, c’est-à-dire la mise en œuvre des forces inconnues de la nature par des théosophes ou des savants n’ayant aucune espèce de parenté avec l’esprit malin. On rit d’Apollonius de Tyane et de Paracelle, si parfois on prononce leur nom ; et l’on traite de fou bizarre l’auteur de la langue hébraïque restituée, l’illustre Fabre d’Olivet, l’un des plus hauts représentants de la pensée moderne, la gloire de l’ésotérisme au xixe siècle. L’Église qui, avec raison, croit aux sorciers, ne peut refuser d’ajouter foi aux mages. Il faut en finir avec les vieux errements des diaconales. L’ascétisme et la Puissance des Ténèbres n’ont point le monopole de la thaumaturgie ; avouons et respectons la compétence en ces hautes matières de la science ésotérique pure, n’ayant point nécessairement une préoccupation religieuse, et ne baisant point forcément le bouc aux plus vilaines régions de son animalité. »


Comment peut-on se dire catholique, en professant les maximes suivantes : « Aucune preuve valable n’a été donnée de la durée perpétuelle des peines de l’enfer. » — « L’Index est un instrumentum regni destiné à satisfaire la bile noire des théologiens… (Cette définition de l’Index est donnée par le R. P. Alta.) L’Index, ajoute l’auteur, n’a jamais eu l’intention de régir les intellectuels… La Bible est à l’Index… Un penseur ne peut guère écouter la même prière que Jeannette, la fille de peine qui soigna chez nous les porcs et les oisons. »

Puis, viennent, comme faisant partie intégrale de l’enseignement ésotérique : — la division du composé humain en ses trois parties, esprit, âme et corps, avec ses sept éléments bouddhiques : Rupa, Jiva, etc. ; — l’hypothèse de Swedenborg sur la rédemption messianique des mondes planétaires ; — l’involution et l’évolution, de l’unité au ternaire et du ternaire à l’unité ; — les innombrables analogies de la révélation chrétienne avec l’initiation, soit bouddhique, soit kabbalistique ; — la résurrection du corps astral (la résurrection du corps matériel étant un non-sens métaphysique) ; — l’analogie entre la série des séphiroth kabbalistiques et la hiérarchie angélique, etc.

Dans la théorie de l’Eôraka, plus de surnaturel, plus de miracle : « tous les faits que notre grammaire infirme (l’auteur oublie que cette grammaire est celle de l’Église catholique) qualifie ainsi, ne sont que des phénomènes naturels qui se passent dans le monde astral, médiateur plastique entre l’univers corporel et l’univers spirituel. Le dégagement complet du corps astral produit ce qu’on appelle les fantômes ou les ombres des vivants, les apparitions des songes ; les possessions, obsessions, tous les phénomènes diaboliques, sont produits par les Élémentaires, des âmes désincarnées habitant le Kama-Soka des Hindous, ou les Élémentals, êtres incorporés aux différentes