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pour apparaître en une rencontre prochaine, sont-ils redoutés de la Routine cléricale autant qu’attendus des Gnostiques Romains ; et la crainte est aussi légitime que l’attente ; sur la vieille garde traditionnelle, ils ont rêvé l’épée scientifique ; en eux, la tendre vertu du Saint n’entraverait pas de charité, l’œuvre parfois cruelle de la lumière. »


Tout en se disant parfait catholique, prêt à se soumettre à toutes les décisions du Pontife romain, Joséphin Péladan est continuellement en rébellion contre l’Église et ses chefs ; sa prétendue soumission au pape est une hypocrisie dont le seul but est de pallier ses révoltes et ses insultes aux évêques et au clergé.


« Quant au clergé de l’heure, dit-il à son disciple, dans sa méthode pratique d’Automagification, un évêque français ne vaut pas une corde ; mais il fonctionne le divin, et cela suffit pour que tu le défendes, même si tu le méprises…

« Je parle pour de futurs cardinaux de l’esprit humain, non pas pour les crétins qui salissent l’Église de la musique d’un Rossini, de la parole d’un Lavigerie, de la peinture d’un Signol. »


Le Figaro du 20 novembre 1890 publia l’excommunication en règle du cardinal Lavigerie, schismatique, par les 300 de la Rose-Croix catholique, « où chacun sait plus de théologie qu’un primat d’Afrique » ; et le 12 décembre 1840, le Mandement du Sâr Péladan à M. Fallières, « évêque de Saint-Brieuc et de Tréguier, par la grâce de son frère, ministre excommunié de la France athée, et la… du Saint-Siège apostolique. »

La religion du Rose-Croix, du moins s’il faut en croire ce que proclament ces mages dans leurs écrits publics, est avant tout le culte de la beauté, une religion où l’art est la sainteté. Dans cette pensée, le Sâr a songé à transformer en temples les musées et les théâtres. Pour donner l’exemple de la réforme religieuse du théâtre, il a écrit plusieurs drames sacrés, invariablement refusés sur toutes les scènes : Le Prince de Byzance, le Fils des Étoiles, wagnérie kaldéenne en trois actes. Babylone est sa dernière œuvre dramatique, tout récemment représentée à ses frais.

Henry Bauer publia le billet d’invitation qu’il avait reçu du Sâr Péladan :

ROSÆ CRUCIS
TEMPLI ORDA
Ad Rosam per Crucem, ad Crucem per Rosam ; in ea, in eis, gemmatus, resurgam.
Non nobis, non nobis, Domine, sed nominis tui gloriæ soli. Amen !
DEUXIÈME GESTE ESTHÉTIQUE
pour Mars-Avril 1893.
Salon et soirées de la Rose-Croix

Le Grand-Maitre Sâr Péladan au Seigneur, devant le Graal, le Beauséant, la Rose Crucifère.

Monsieur,

Vous aimez Wagner ; vous avez beaucoup fait pour son triomphe français. Je