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Nahash n’est plus aussi pour le Sâr que le courant normal de l’instinct, le vertige qui est latent dans les choses : « La Bible, dit-il, nous montre ce Nahash envahissant le Ruach féminin d’une incitation grandiose en soi, la provocation du mystère. Le péché d’Ève et d’Adam était fatal. Prématurément illuminé d’une lumière trop vive, le premier couple succomba sous la conséquence de son audace. »

Le rôle que le Sâr assigne à la femme dans l’éducation magique est à peu près celui que lui donnent les systèmes gnostiques. D’après lui, le premier office de la Fée « serait de surgir (dans sa nudité adamique) devant les pubertés masculines, pour les préserver du vice et de la vulgarité. » Péladan a consacré à mettre en action ce premier devoir de la Fée, tout un roman de son Éthopée : l’Androgyne.

Péladan se pique d’avoir ressuscité la vieille science de la Chaldée, d’où il prétend descendre.

Les héros de l’éthopée : la Décadence latine, de Joséphin Péladan, portent tous un nom de Dieu Kaldéen :

Le Vice Suprême (Merodack) ; — Curieuse ; Initiation ; À cœur perdu (Nébo) ; — Istar (Nergal) ; — Victoire du Mari (Adar) ; — Cœur en peine (Belit, Tammuz, Isdubar) ; — l’Androgyne (Samas, Agur) ; — la Gynandre (Tammuz) ; — le Panthée (Bhin et Sela) ; — Typhonia (Sin et Uruk) ; — Le Dernier Bourbon (Anov et Namtar).

L’Évangile de Joséphin Péladan, c’est le Livre des Merveilles, du Sâr Elkanah le Kaldéen, manuscrit du xiiie siècle, aux armes de Hugues des Païens, premier grand-maître du Temple, dont il possède l’unique exemplaire.

Le Vice suprême, le premier de la série Décadence latine, se présenta au public sous les auspices de Barbey d’Aurevilly, qui proclama l’auteur héritier de Balzac, ayant en lui les trois choses les plus haïes du temps présent : l’aristocratie, le catholicisme et l’originalité. Puis, il fait cet éloge de l’auteur :


« Il peint le vice bravement, comme s’il l’aimait, et il en fait comprendre le charme infernal avec la même passion d’artiste intense que si ce charme était céleste. »


Il lui donne en passant cette leçon, dont le Sâr n’a guère tenu compte :


« M. Joséphin Péladan a, pour les besoins dramatiques de son œuvre, composé le personnage du Mage Mérodack avec beaucoup d’art, de sérieux et même de bonne foi. Seulement, on est bien tenu de le lui dire, pour un catholique qu’il est, partout ailleurs, dans son livre, c’est là une redoutable inconséquence, et même, c’est beaucoup plus. Magisme ou magie, quel que soit le nom qu’on préfère, sont des erreurs absolument contraires à l’enseignement de l’Église qui les a condamnées, à toutes les époques de son histoire, pour les raisons les plus profondes, et l’Église est toujours prête à effacer sous son pied divin, depuis