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Tout le mécanisme de cette organisation était réglé avec précision par des statuts rédigés par les FF∴ Bakounine, Reclus, Jaclard, Gambuzzi, Fanelli et Jankowski.

La masse de l’Alliance constituait l’armée collectiviste ; et elle était dirigée, sans le savoir, par les Frères Internationaux, qui étaient les anarchistes.

Voici quel était le programme public de l’Alliance Internationale de la Démocratie Socialiste ; en d’autres termes, voici le credo des collectivistes :

1° L’Alliance Internationale de la Démocratie Socialiste se déclare athée. Elle veut l’abolition des cultes, la substitution de la science à la foi et de la justice humaine à la justice divine.

2° Elle veut, avant tout, l’égalisation politique, économique et sociale des classes et des individus des deux sexes, en commençant par l’abolition du droit d’héritage, afin qu’à l’avenir la jouissance soit égale à la production de chacun, et que, conformément à la décision prise par le dernier Congrès des ouvriers à Bruxelles (1868), la terre, les instruments de travail, comme tout autre capital, devenant la propriété collective de la société tout entière, ne puissent être utilisés que par les travailleurs, c’est-à-dire par les associations agricoles et industrielles.

3° Elle veut, pour tous les enfants des deux sexes, dès leur naissance, l’égalité des moyens de développement, c’est-à-dire d’entretien, d’éducation et d’instruction à tous les degrés de la science, de l’industrie et des arts, convaincue que cette égalité d’abord économique et sociale, aura pour résultat d’amener de plus en plus une plus grande égalité naturelle des individus, faisant disparaitre toutes les inégalités factices, produits historiques d’une organisation aussi fausse qu’inique.

4° Ennemie de tout despotisme, ne reconnaissant d’autre forme politique que la forme républicaine, et rejetant absolument toute alliance réactionnaire, elle repousse aussi toute action politique qui n’aurait point pour but immédiat et direct le triomphe de la cause des travailleurs contre le capital.

5° Elle reconnaît que tous les États politiques et autoritaires actuellement existants, se réduisant de plus en plus aux simples fonctions administratives des services publics dans leurs pays respectifs, doivent disparaître dans l’union universelle des associations, tant agricoles qu’industrielles.

6° La question sociale ne pouvant-trouver sa solution définitive et réelle que sur la base de la solidarité internationale ou universelle des travailleurs de tous les pays, l’Alliance repousse toute politique fondée sur le soi-disant patriotisme et sur la rivalité des nations.

Tel est le programme du collectivisme.

L’année qui suivit l’organisation de l’Alliance Internationale de la Démocratie Socialiste, c’est-à-dire en 1869, un congrès révolutionnaire se tint à Bâle. Là, on entendit de nouveau Bakounine, qui, parlant au nom des collectivistes, proposa la formule de votation suivante :

« Je vote pour la collectivité du sol, en particulier, et, en général, de toute richesse sociale, dans le sens de la liquidation sociale.