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« Le théologien appelle surnaturel ce qui dépasse les forces naturelles ; l’hermétiste, ce qui dépasse le déterminisme présent de la science ; à ce double point de vue, les manifestations extraordinaires, voyances, stigmates, prophéties, sont également propres à l’avivement de la foi comme au progrès du déterminisme, et Adrien Péladan a élevé un durable monument en ses Annales du Surnaturel. L’épiscopat, malheureusement choisi parmi ceux qui ne sont ni de foi, ni de force à faire de leur crosse une arme contre l’État sans Dieu, traite les phénomènes mystiques presque en ennemis. De quel droit ?

Qui a expliqué le mouvement des tables par une transmission électro-nerveuse, leur obéissance responsive par une transmission dynamo-psychique ? Qui donc a réduit le diable à venir s’avouer force cosmique au dynamomètre ?

Qui donc a découvert le quatrième état de la matière ? Qui donc élabore la découverte de la matière pentagrammatique ou éthérée ? Est-ce l’épiscopat, est-ce le clergé ? Non. L’autorité scientifique n’appartient plus au sacerdoce comme au temps des empires d’Egypte et de Chaldée… Vous craignez le rire des journalistes, prêtres : les journalistes ont fini de rire, car la Magie apporte la preuve physique de l’existence de l’âme, et tandis que vous murmurez des effarements, nous, les Mages, nous avons refait l’armement spiritualiste, et le docteur Wiliam Crookes à lui seul convaincrait en son laboratoire d’Holbach et ses semblables d’imbécillité… Un catholique obtus (Drumont) s’est levé contre Israël. Israël n’a plus de force, parce qu’Israël n’a pas de Péladan : l’or du monde conflue aux mains juives ; mais leur véritable trésor, la Kabbale, clé du Béreschit, a passé aux mains des Mages catholiques…

« Une effroyable douleur surprit le Chevalier au milieu de sa paix apostolique ; son fils qui avait écrit à ses côtés, à Lyon comme à Nîmes, et qui accumulait les matériaux d’une Philosophie des sciences, périt empoisonné en un

    de grandes expiations, la Providence, toujours miséricordieuse, présente aux générations nouvelles un moyen de salut.
    « En 1793, c’était le culte du Sacré-Cœur. Qui pourrait dire combien de désastres eussent été évités alors, si les chrétiens avaient su profiter de cette protection céleste ? — Au moment présent, où tant d’insolents défis jetés au Seigneur nous ont mérité des châtiments, dont nous apercevons tous les signes avant-coureurs, Dieu, par le témoignage de saint Bernard, sans nuire aux dévotions établies, attache une protection spéciale à la vénération de la plaie de son épaule gauche. C’est une abondante source de grâces, un asile assuré contre la tempête, une garantie contre les fléaux, le gage de secours signalés en faveur de l’Église et de la France, et un moyen efficace pour obtenir la conversion des pécheurs…
    « … Le sang de l’Agneau figuratif sur la porte des Hébreux, en Égypte, détourna l’ange exterminateur. Le sang du Rédempteur lui-même, invoqué par les chrétiens, dans la plaie la plus intolérable de la Passion, en des temps non moins calamiteux, nous protègera certainement. Usons donc de ce précieux moyen de sauvegarde.
    « C’est pour cela que nous avons accepté la tâche d’envoyer des images, représentant la révélation de Notre-Seigneur à saint Bernard, relativement à son épaule gauche aux personnes qui nous en demanderont par lettre, à notre domicile, rue de la Vierge, 10, à Nîmes, Gard. Ces images, d’un joli dessin et coloriées, coûtent, vendues franco : une seule, 15 centimes ; la douzaine, 1 fr. 50 ; le cent, 9 fr. — Grandeur pour être encadrée : 50 centimes : et la douzaine, 5 fr. seulement. »
    Ce commerce comprenait aussi des statues :
    « La statue de la plaie de l’épaule gauche se vend chez M. Pélissi, statuaire, haute-grande-rue, à Nantes. Blanche : 20 francs. Coloriée : 50 francs. »
    M. Péladan père, qui n’avait aucune qualité pour instituer un culte nouveau, s’écriait à la fin de son prospectus :
    « Les familles, les établissements, les communautés, comprendront l’utilité de mettre une de nos images à la place d’honneur. Rivalisons tous de zèle dans une pratique si précieuse ! Hâtons-nous ! hâtons-nous, car le mal est profond comme la mer, et le temps presse ! »