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bien contraire aux prévisions des pseudo-trente-troisièmes qui s’étaient introduits dans le Grand Collège des Rites pour l’athéiser. En effet, non seulement un bon nombre de loges ont continué à se servir des anciens rituels, mais encore les Rose-Croix, Kadosch et en un mot tous les partisans des vieilles traditions, ne se contentant plus de diaboliser dans les chapitres et les aréopages et se ralliant en outre à diverses sociétés d’occultisme, sont venus grossir les rangs des martinistes et aussi des gnostiques valentiniens, comme nous le verrons un peu plus loin.

Il me faut dire maintenant quelques mots des néo-bouddhistes, qui, depuis quelque temps, se sont organisés en France, et qui ont trouvé le moyen, sous prétexte de propager chez nous la doctrine hindoue, de faire un mélange d’athéisme, de spiritisme et de religion de Bouddha ; mêli-mêlo invraisemblable qui cache tout simplement une nouvelle manœuvre du satanisme.

Le principal apôtre du néo-bouddhisme à Paris est le F∴ Léon de Rosny, encore un franc-maçon.

Léon de Rosny est un bouddhiste érudit, et dévoré du zèle de l’apôtre tout à la fois. « Il ressemble un peu, dit M. Jules Bois[1] à M. Félix Pyat, avec sa large barbe, ses yeux verts de révolutionnaire calme, son veston d’intérieur d’une simplicité messianique. J’ai subi son étrange prestige dans son cabinet de travail circulaire qu’hallucine un scribe chinois en bois peint. » Titulaire de la chaire de japonais à l’école spéciale des langues orientales depuis 1868, chargé d’un cours sur les religions de l’Extrême-Orient à l’École des hautes études (1885), fondateur d’une société d’ethnographie américaine et orientale, et rédacteur de son journal, secrétaire perpétuel de la Société Asiatique, il a fait paraître en 1387 le résumé de ses doctrines, sous le nom de positivisme spiritualiste ou philosophie exactiviste, dans un volume intitulé la Méthode Conscientielle, qui lui à valu des adhérents dévoués, lesquels ont formé école autour de lui.

M. Jules Bois le fait parler ainsi dans une interview récente :

« — Ah ! si vous saviez combien j’ai d’ennemis, moi qui prêche l’amour universel ! On m’a dénoncé récemment à M. Constans comme un corrupteur de la jeunesse… L’érudition, les textes, peu m’importe, et peu me chaut que telle de mes idées appartienne moins à Bouddha qu’à Voltaire, à Rousseau ou à Hégel. Je fais autant de cas de l’histoire que d’un cancan de portiers… Il peut arriver qu’un cocher de fiacre en sache beaucoup plus sur le bouddhisme que M. Max-Muller, lequel n’ignore rien du sanscrit.

« — Vous croyez à la réincarnation des âmes ?

« — Absolument. Je ne veux pas vous expliquer si nous devons émigrer

  1. Jules Bois : Les Petites Religions de Paris.