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Les autres modifications portent sur des détails. Elles répondent, en général, à des besoins pratiques et peuvent avoir certainement du bon sous ce rapport : mais, en réalité, elles constituent de véritables contre-sens au point de vue de l’Initiation.

Un seul exemple suffira pour vous mettre à même de saisir ma pensée :

D’après les nouveaux Rituels, on remet au Candidat, avant de l’admettre aux épreuves, une Instruction imprimée, destinée à lui donner une idée exacte de la Franc-Maçonnerie, et contenant à cet effet des extraits appropriés de la Constitution et des Règlements Généraux de l’Ordre.

Rien de mieux, comme vous voyez, au-point de vue pratique. Mais, objectera l’Initié qui tient avant tout à l’exactitude de la Concordance Symbolique, où voyez-vous la Nature fournir à l’homme une Instruction analogue, avant de l’admettre aux épreuves de l’initiation terrestre ? Ce qui existe en petit doit être l’image de ce qui existe en grand. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Ce sont là des principes fondamentaux auxquels l’Initiation ne peut pas se permettre de déroger sans perdre aussitôt sa propre raison d’être.

Je crois inutile, mes Frères, d’insister davantage. Vous devez comprendre maintenant, que vos prétentions à l’Initiation vous imposent des règles que vous n’avez aucun souci de suivre. Loin de vous en faire un reproche, je ne puis que vous engager, au contraire, à rompre totalement les liens qui vous rattachent à un ordre d’idées que vous répudiez absolument. Les tendances des Maçons actuels sont incompatibles avec l’Initiation, laquelle repose tout entière sur le Symbolisme dont elle est l’esprit et qui n’est lui-même que le corps, la forme tangible que revêt à nos yeux l’idée Initiatique.

Or, le symbolisme vous offusque, il vous gêne, vous embarrasse, el n’osant le supprimer d’un coup, vous avez entrepris de le démolir pierre par pierre ; car il ne faut pas vous le dissimuler, en Maçonnerie tout se tient : un seul pilier retiré de l’édifice entraîne fatalement l’éboulement de l’ensemble.

Cette vérité, méconnue par les membres du Grand Collège des Rites, leur fut cependant signalée à propos de la formule du Grand Architecte de l’Univers, dont la suppression constitua la première atteinte à l’intégrité du Symbolisme Maçonnique. L’avertissement modeste que contenait à ce sujet le Rapport de la Respectable Loge la Bienfaisance Châlonnaise, sur la Révision des cahiers des Grades Symboliques, rencontra l’approbation de Maçons éminents et instruits, parmi lesquels je ne veux citer que les Frères Hubert, 33e, rédacteur de la Chaîne d’Union ; Décembre-Alonnier, 33e}, membre du Grand Collège des Rites ; Ludovic Léchaut, également 33e, et bien connu par ses remarquables travaux maçonniques. Mais loin de tenir compte d’un avis ainsi appuyé, la majorité du Grand Collège des Rites a cru devoir se permettre une nouvelle et plus profonde mutilation du Temple Symbolique, lequel devient cette fois absolument intenable. En effaçant de son fronton la formule dédicatoire, on avait déjà fait perdre à ce Temple sa destination primitive ; mais l’Édifice restait du moins debout. Il n’en est plus de même aujourd’hui. L’élimination des quatre éléments du premier grade rend inintelligible l’Étoile Flamboyante du deuxième. Et comme le troisième grade n’est que la synthèse des deux premiers, voici du coup la Maîtrise transformée en un affreux galimatias dont ne tarderont pas à se rebuter même les esprits les plus naïfs et les moins exigeants.

Je ne parle que pour mémoire du grade de Rose-Croix, qui repose tout