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faible lumière dont je puis disposer et pour laquelle je réclame toute votre indulgence.

Que peuvent signifier ces quatre éléments figurés par la Terre, l’Air, l’Eau et le Feu ? L’ordre même de leur énumération nous montre tout d’abord une double opposition entre la Terre, élément lourd et épais, puis l’Air, élément léger et subtil ; ensuite, entre l’Eau, élément humide et froid, puis le Feu, élément sec et chaud. Ce double équilibre des polarités contraires est fort bien représenté par la croix au centre de laquelle rayonne en outre une rose à cinq pétales symbolisant la fameuse quintessence, qui joue un si grand rôle en Occultisme. Cette rose a la même signification que l’Etoile Flamboyante dont le pentagramme figure l’Esprit humain dominant par la volonté les quatre éléments. Que peut-on voir après cela dans les purifications successives de la première Initiation, sinon les différents degrés de la domination de soi-même ?

Le Néophyte doit apprendre ainsi à maîtriser d’abord son corps matériel, représenté par la Terre. Remarquons à ce sujet que, dans l’antiquité, le postulant à l’Initiation devait subir sans trembler le contact trois fois répété du tranchant de la faulx d’un spectre qui surgissait brusquement du sol devant lui. Il montrait par là qu’il avait vaincu l’impressionnabilité native, en parvenant à se défendre même d’un simple tressaillement involontaire.

La purification par l’Air a trait à cette enveloppe fluidique que les Occultistes appellent corps astral et qu’ils désignent comme le siège des appétits brutaux.

L’Eau représente la froideur du cœur, source de paresse et d’égoïsme ; tandis que le Feu indique la violence et l’ardeur des passions.

Je n’entrerai pas, mes Frères, dans de plus grands développements. Ce qui précède doit vous faire apprécier la valeur réelle des Rituels Maçonniques, dont le Symbolisme renferme une signification d’une immense portée morale, philosophique et même scientifique. Cette signification est si vaste, si profonde que je me garderai bien à ce sujet de toute tentative d’explication complète. Les études que j’ai pu faire sur ces matières n’ont abouti qu’à me convaincre de ma parfaite ignorance. Tout négatif que paraît ce résultat, je m’en console aisément, en pensant que savoir qu’on ne sait rien est déjà quelque chose ; car il ne manque pas de gens qui sont loin de savoir même cela. J’en trouve une preuve dans l’assurance superbe, avec laquelle nos illustres Frères porteurs des insignes du 33e degré. se sont permis de tailler en aveugles dans une œuvre qu’ils ont totalement négligé de comprendre.

À quoi s’est borné, en effet, le travail de Révision des cahiers des Grades Symboliques entrepris par le Grand Collège des Rites ?

La modification essentielle est la suppression des épreuves physiques représentant la quadruple purification par les éléments. On a maintenu cependant le cabinet de réflexions, ainsi que les trois voyages, en cherchant à leur faire représenter les trois phases de la vie humaine : enfance, jeunesse et âge mûr. Comme cérémonial, c’est tout aussi ridicule que ce qui existait jusque-là : mais, en plus, cette innovation n’a pas pour elle l’excuse de l’exigence de la fidélité traditionnelle ; elle fait, en outre, double emploi avec les trois grades : Apprenti, Compagnon et Maitre, qui représentent déjà les trois phases en question de la vie humaine.