Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est enfin une troisième École, école primaire, s’adressant à tous indistinctement, de préférence à ceux que retient encore la chaine des préjugés, et qui, manquant de force pour chercher par eux-mêmes la vérité, demandent à la recevoir tout élaborée et assaisonnée au goût, souvent grossier, de leur palais peu raffiné. Cette troisième École, mes Frères, c’est l’Église.

On prétend qu’il fut un temps où ces trois Écoles marchaient d’accord, s’appuyant l’une sur l’autre pour faire l’éducation de l’Humanité primitive. C’était, paraît-il, l’âge d’or. La civilisation dont s’enorgueillit notre siècle aurait pris naissance à cette époque lointaine, dont l’ère de la Vraie Lumière rappelle le souvenir. On donne à supposer, d’après cela, que la civilisation actuelle ne se développera dans toute sa perfection que le jour où la baguette d’Hermès viendra s’interposer à nouveau entre les deux serpents qui cherchent à s’entredévorer. Cela signifie qu’il appartient à l’Initiation de porter la lumière conciliatrice au milieu de l’obscurité où se combattent avec un zèle aveugle deux grandes Institutions se disant l’une et l’autre universelles, possédant chacune un symbolisme merveilleux dont la signification leur échappe, poursuivant enfin le même but, bien que par des voies et des moyens différents. Si elles étaient ce qu’elles doivent être, la Franc-Maçonnerie et l’Église ne se traiteraient pas en ennemies, mais se reconnaitraient comme Frère et Sœur, ou, mieux encore, comme Époux et Épouse. Leur divorce ne saurait porter de bons fruits. Car, la Raison sans la Foi est une lumière froide sans chaleur vivifiante, qui glace tout enthousiasme généreux par les négations stériles d’un scepticisme impuissant. D’un autre côté, la Foi sans la Raison est un feu qui chauffe et brûle, mais n’éclaire pas ; d’où l’entraînement irréfléchi qui conduit aux excès de la superstition et du fanatisme. Il y a là deux écueils qu’il faut savoir éviter en se maintenant dans cette région moyenne où le Raisonnement et le Sentiment s’allient harmonieusement pour se soutenir, au lieu de s’exclure réciproquement, comme cela se voit dans les extrêmes où nous chercherions en vain le vrai, le Beau et le Bien. C’est pourquoi il convient de se conformer aux lois de l’initiation qui enseignent que le Progrès véritable doit naître, comme toute chose, du mariage du masculin avec le féminin. Sachez donc faire cesser le scandale, et faites régner à nouveau la paix et la bonne harmonie entre l’élément actif et l’élément passif de l’Humanité. Vous verrez que, comme dans tout ménage convenable, la femme sera soumise à l’homme, dès que celui-ci saura faire de ses droits un usage équitable.

Je m’arrête, mes Frères, pour ne pas me perdre dans des développements qui m’entraineraient trop loin. J’en reviens donc aux épreuves du premier grade de la Maçonnerie Adonhiramite.

La première de ces épreuves se rattache à l’idée que l’Initiation est l’entrée du Néophyte dans une vie nouvelle. Un réduit étroit et obscur, figurant les entrailles de la Terre, la Mère commune, reçoit le Candidat. Il y trouve des emblèmes funèbres qui l’invitent à rentrer en lui-même par une sérieuse méditation sur la fin nécessaire des choses, la fragilité de la vie humaine et la vanité des ambitions terrestres. Il rédige son testament et se prépare ainsi à renoncer aux illusions trompeuses, aux passions égoïstes, aux préjugés mesquins de la vie profane, pour faire naître en lui un homme nouveau, digne de la vie supérieure que confère l’Initiation.

Cette première épreuve représente la purification par la Terre, le premier des