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maçonnerie. » Aussi, comme un os à ronger, le Grand Orient de France a jeté aux imparfaits initiés récalcitrants les nouveaux rituels, passant sous silence les traditionnelles légendes ; et, comme il faut d’autre part ne pas détruire la vraie maçonnerie, le Grand Orient a décrété seulement que l’usage de ces nouveaux rituels serait facultatif.

En donnant connaissance de ces intéressants et instructifs débats, je n’ai point fait une digression. Je ne perds pas de vue, en effet, que je me suis proposé de démontrer, d’établir l’action connexe de la franc-maçonnerie et des groupes satanistes. L’exemple du F∴ Oswald, Wirth, lieutenant du sataniste pactisant Stanislas de Guaita, sert admirablement à ma démonstration.

Nous voyons, en tout ceci, une manœuvre très nette, on ne peut plus précisément déterminée. Ceux des francs-maçons du Rite Français qui diabolisent en cachette de leurs collègues, sont navrés de voir monter le flot de l’athéisme dans ce rite. Ils font ce qu’ils peuvent pour défendre les antiques rituels, et, prévoyant le cas où leurs efforts seront impuissants, ils ouvrent discrètement de nouveaux horizons à ceux des imparfaits initiés qui auraient les moindres tendances à s’éclairer de la vraie lumière satanique, En d’autres termes, en vue du triomphe probable de la majorité matérialiste, ils font l’éloge de l’occultisme, — mais un éloge artificieusement mitigé de critiques, afin de ne pas se compromettre, — et, si les hauts grades ont des chances de se voir négliger dans les ateliers du Grand Orient de France, ils préparent avec adresse un recrutement important pour les loges martinistes, pour le Suprême Conseil du F∴ Papus.

À cet égard, il est utile de reproduire en entier le discours prononcé le 3 avril 1888 par le F∴ Oswald Wirth dans la loge les Amis triomphants, ce mage noir franc-maçon ayant été en cette circonstance le porte-parole de la secte martiniste :


Vénérable Maitre et vous tous mes Frères,

Le Grand Orient de France vient de distribuer aux loges de son Obédience de nouveaux cahiers des Grades Symboliques. — En les promulguant, le Conseil de l’Ordre n’a voulu imposer à personne les innovations du Grand Collège des Rites. Loin d’être obligatoire, l’usage des Rituels nouveaux reste donc entièrement facultatif pour les Loges, qui peuvent persister en toute liberté dans leur ancienne manière de travailler, si elles la jugent préférable à celle qu’on leur propose d’adopter[1].

  1. Il est impossible d’être plus clair, et ceci établit bien la suprême impudence, le parfait cynisme du mensonge de M. Georges Bois, qui n’a publié son livre Maçonnerie nouvelle du Grand Orient de France que pour faire croire aux catholiques, ceux-ci n’étant pas au courant de la question, que le Grand Orient de France et les loges dépendant de lui avaient renoncé absolument à la pratique des anciens rituels.
    « Depuis cinq ans, écrit M. Georges Bois en 1892, la Franc-Maçonnerie française, représentée dans son immense majorité par le Grand Orient de France, a subi une révolution profonde, à la fois politique et religieuse, et, par ces deux caractères, rompant résolument avec les idées