Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 2.djvu/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quoiqu’il en soit, les efforts du F∴ Wirth et de ses amis attestent que, dans le rite français, une notable quantité de frères gémissent de l’excommunication portée par Albert Pike contre le Grand Orient de France ; que, ne voulant pas cependant, pour des raisons sans doute personnelles, se ranger sous la bannière du Suprême Conseil de Paris, ils se dédommagent de l’ostracisme dont leur rite est frappé, en fondant des contrefaçons de triangles sous le nom de « loges martinistes » ; et que, même, ils accomplissent des efforts pour faire rentrer leur rite dans les bonnes grâces de la haute-maçonnerie.

À ce propos, il est bon de rappeler ce qui s’est passé au sein des loges du Grand Orient de France, lorsque s’est produit ce qu’on a appelé la réforme des rituels ; je dois faire connaître ces incidents, le F∴ Oswald Wirth s’étant beaucoup démené en faveur du symbolisme.

Voici ce dont il s’agissait :

En France, plus encore qu’ailleurs, les francs-maçons étaient furieux de la divulgation de leurs rituels, que M. Léo Taxil venait de publier. Dans le Rite Écossais, on fut bien obligé de se ronger les poings, en pure perte, puisque le symbolisme maçonnique est immuable, qu’il forme un tout intangible, et qu’il n’y a plus de franc-maçonnerie sans lui. Mais, dans le Rite Français, où les athées dominent, ceux-ci mirent à profit la colère générale pour réclamer un changement total des rituels : ils étaient connus du public profane, le ridicule de certaines cérémonies faisait rire des francs-maçons ; il en fallait donc de nouveaux, d’autant plus que ces vieilleries, disaient les FF∴ athées, constituaient un bagage gênant, peu en harmonie avec le rite qui avait supprimé officiellement la formule du Grand Architecte de l’Univers.

Le Conseil de l’Ordre, composé en majeure partie de maçons libres-penseurs sceptiques, vota donc dans ce sens et fabriqua de nouveaux rituels, d’où l’ancien symbolisme était à peu près exclu et qui correspondaient à l’état d’esprit matérialiste de la majorité. Cependant, il ne faudrait pas en conclure que les loges cessèrent pour cela d’avoir le droit de se servir des rituels anciens, qu’elles furent dans l’obligation d’abandonner le vieux symbolisme diabolique, comme M. Georges Bois a voulu le faire croire aux catholiques, dans son désir de laver de tout soupçon de satanisme ses amis du Grand Orient de la rue Cadet[1]. Non, ce n’est point ainsi que les choses se sont passées ;

  1. Voici la première fois, depuis mon fascicule de mars, que j’ai occasion de reparler de M. Georges Bois ; aussi, je lui donne ici en note acte de sa protestation du 9 avril, dans laquelle l’auteur du livre la Maçonnerie nouvelle du Grand Orient de France me fait connaître qu’il a un homonyme, s’appelant exactement comme lui : Georges Bois. Ce serait donc cet homonyme qui ferait partie de la société des Bons Bougres, dont il a été parlé dans la note de la page 284. J’ai reproduit intégralement la protestation de l’ami des FF∴ Pétrot et consorts dans le Bulletin Mensuel servant de couverture au fascicule 17. Je la reproduirai de même en entier, au chapitre-appendice consacré aux rectifications, lequel terminera mon 24e et dernier fascicule. Néanmoins j’ai tenu à rectifier ici l’erreur commise relativement à la