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tiste portant ce titre : la Renaissance Symbolique (initiation, gnose, kabbale, sciences occultes), laquelle, dans son programme, « se propose de rappeler les Enfants de la Veuve aux principes fondamentaux de leur Ordre vénérable ».

Ces maçons du rite français, navrés de voir leurs frères se laisser envahir par l’athéisme, proclament que, « dépositaire des traditions pratiques de l’Initiation, la Franc-Maçonnerie doit remplir dans le monde la plus glorieuse des missions » (Initiation, tome VII, page 277).

D’autre part, dans la Bibliographie méthodique de la Science occulte, le F∴ Papus écrit (page 3%5) :


« La Franc-Maçonnerie renferme, cachées sous les symboles de ses rites initiatiques, une grande partie des traditions anciennes. Ces symboles sont incompris de ses membres eux-mêmes[1]. Les initiations primitives, l’ordre du Temple, la Rose-Croix, dans toutes leurs branches, se sont fondues dans ce qui constitue aujourd’hui la Franc-Maçonnerie, surtout dans les 33 degrés du Rite Écossais Ancien et Accepté. »


Oswald Wirth a eu la gloire de ressusciter, même avant Papus, le fameux Livre de Thot, comprenant les 22 arcanes du Tarot. Mes lecteurs savent à quoi s’en tenir[2] sur ce livre mystérieux, où puisent tour à tour nos professeurs de magie, où Stanislas de Guaita, en particulier, a puisé ce qu’il appelle « l’un des arcanes les plus occultes de la magie » (la dixième figure du Tarot d’Oswald Wirth, la Roue du Devenir), dont il a fait la base principale de son système.

Il est aussi l’un des plus féconds rédacteurs de l’Initiation, de Papus, où il a la mission de résumer le mouvement philosophique de la franc-maçonnerie. En 1889, il annonçait dans cette revue d’occultisme un ouvrage qu’il se proposait de faire paraître sous ce titre : la Franc-Maçonnerie expliquée à ses adeptes, ayant pour objet d’éclairer les maçons sur le rôle que leur Ordre est appelé à remplir dans la société moderne et sur la puissance incalculable dont il pourra disposer, dès qu’il saura mettre en œuvre ses redoutables secrets : « Il faut à l’avenir, dit-il, que ceux qui savent se mettent à la tête de ceux qui ont la bonne volonté de marcher. L’œuvre de la régénération sociale ne peut avoir pour instrument que la franc-maçonnerie. »

Ces lignes prouvent que le F∴ Oswald Wirth a compris, au moins en partie, le secret philosophique de la secte ; mais elles démontrent aussi que, malgré son bon vouloir, il n’a pas encore été appelé dans les triangles, — à moins que ce ne soit une habileté de sa part et qu’il ne réclame une direction suprême de ceux qui savent que pour mieux cacher aux imparfaits initiés qu’elle existe déjà.

  1. Il serait plus juste de dire : incompris des neuf dixièmes des francs-maçons.
  2. Voir au 13e fascicule, pages 29 et suivantes.