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Trévise. Il s’est fondu avec la Bibliothèque internationale des œuvres de femmes, dirigée par Mlle A. de Wolska. Ce groupe est composé de la fine fleur des occultistes militants. Ses principaux membres sont : Papus, président-fondateur ; — Directeur des Commissions : Stanislas de Guaita ; — Propagande : Julien Lejay ; — Finances : L. Mauchel ; — Directeurs des différents groupes d’études : Lemerle, J. Lejay, A. Chaboseau, Jules Lermina, Émile Michelet, G. Moutière, Moutin, Doinel, Bertrand, A. de Wolska, G. Vitoux, L. Mauchel, Gary de Lacroze, G. Caminade, Martin, L. Stevenard, Ch. Torquet, A. François, elc.

La Fraternité de la Rose-Croix Kabbalistique, tous les groupes Martinistes, la Grande Fraternité occulte d’Occident cachée sous les initiales de H. B. of L., et en dernier lieu, la Nouvelle Église Gnostique et l’Alliance internationale des Cogitants, de Berlin, ont adhéré à ce groupement. En moins d’un an, le mouvement synthétique créé par Papus possédait : 1° un quartier général comprenant 24 commissions d’études, avec librairie, salle de cours, salle de conférences et bibliothèque ; 2° des locaux particuliers pour les études expérimentales ; 3° des branches annexées dans toute la France, dans les grandes villes de l’Europe, de l’Amérique du Nord et du Sud ; 4° quatre cents membres adhérents (parisiens), des correspondants partout et des relations ésotériques avec toutes les fraternités occultes occidentales.

Parmi les locaux discrètement indiqués au n° 2, il faut signaler le Nouveau Laboratoire de Magie pratique, organisé en pleine campagne[1]par le Groupe indépendant d’Etudes ésotériques, sous la direction du Dr

  1. L’Initiation, en tête de l’année 1893, donne un dessin de ce local. Les compte rendus des séances expérimentales du groupe d’études qui se trouvent dans l’Initiation, ne relatent guère que les phénomènes déjà connus de spiritisme ou d’hypnotisme. Parmi ces expériences du laboratoire magique, une des plus curieuses est celle faite sur de prétendues larves « substances fantastiques inconsistantes, dit Stanislas de Guaita, mais réelles, dépourvues d’essence propre et vivant d’une vie d’emprunt. Elles s’attachent à ceux qui leur ont donné naissance et qui s’épuisent à la longue à les nourrir. »
    Ces larves ne sont autre chose, d’après Papus invoquant ses propres expériences, que des images cérébrales, des idées, amenées à l’existence, réalisées pour un temps plus ou moins long ; ce qu’on appelait autrefois les esprits obsesseurs : « la larve est un être du plan astral, constitué par une idée humaine, par la force vitale du créateur de la larve comme principe d’animation, et par un agglomérat de lumière astrale comme corps. » La suggestion, à son dire, n’est en définitive qu’un procédé spécial de création de larves plus ou moins tenace. Lorsqu’on se trouve en présence d’un individu qui se prétend envouté ou persécuté, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, on se trouve, dit-il, en présence d’une auto-suggestion servie par une conscience troublée.
    Guaita fournit à ce sujet la remarquable description suivante des obsessions racontées par le fameux Berbiguier dans son ouvrage : Les Farfadets, ou tous les démons ne sont pas dans l’autre monde :
    « Berbiguier est certainement la victime d’une nuée de larves : mais il attribue ces vexations à des sorciers métamorphosés en monstres de toute sorte et de toute grandeur. L’examen de ses gravures est des plus curieux à ce point de vue ; ceux dont les yeux ne sont pas faits pour l’astral peuvent du moins étudier en ce miroir la nature protéenne des larves, aptes à revêtir, avec une inconcevable souplesse, les formes les plus paradoxales et les plus variées, il suffit que le pauvre possédé, que leur présence horripile, ait l’appréhension ou l’obsession de quelque hideuse figure, et les larves de se modeler aussitôt en conséquente ; c’est une