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Toute cette exégèse de Fabre d’Olivet est devenue le catéchisme de l’occultisme universel ; on la retrouve jusque dans ceux qui osent prétendre, le plus effrontément, rester fidèles aux dogmes catholiques et à l’enseignement de l’Église, tels que l’ex-abbé Roca ou Joséphin Péladan.

Détail curieux à propos de ce dernier. À l’endroit même où le Sâr triomphe avec ce texte de Fabre d’Olivet, il fulmine contre la Réforme, demandant que le protestantisme soit relégué avec la philosophie du xviiie siècle et la Maçonnerie parmi les choses nulles, dont on ne parle plus. Notre Sâr oubliait, en parlant ainsi, que Fabre d’Olivet était un calviniste de la plus belle eau, et que lui, Péladan, en acceptant ses théories, versait en plein dans le protestantisme.

Le démon de Papus est plus habile, en ce qu’il montre parfois une certaine suite dans son système et jusqu’à des apparences spécieuses de logique ; son éclectisme est plus large et plus conciliant. Non seulement il se fait le caudataire de tous les mages contemporains de quelque renom, Eugène Nus, qu’il appelle modestement son maître, l’athée-matérialiste Lermina, qu’il poussa à la présidence du Congrès spirite de 1889 ; mais il se met docilement à la remorque de toutes les sectes, quelles qu’elles soient, juives, protestantes, maçonniques, etc. « Donner aux Enfants de la Veuve (d’après les conseils de leur auteur sacré Ragon), aux Kabbalistes et aux Théosophistes, une bibliographie qui leur permette d’étendre leurs connaissances, tel est un des buts que je ne propose », dit-il en annonçant sa Nouvelle Bibliothèque des Théosophistes, des Enfants de la Veuve, des Kabbalistes et des Occultistes.

Il a résumé sa théorie historique dans cette phrase :

« La science occulte est un corps de doctrine enseigné dans les Universités d’Égypte et transmis d’âge en âge par les Mages, avec les pratiques en apparences surnaturelles exercées par les thaumaturges, initiés des temples de l’Inde et de l’Égypte. La Kabbale contient les principes de l’enseignement occulte des sanctuaires de l’antiquité ; la Gnose renouvelle cet enseignement et les efforts de toutes les sociétés hermétiques. Alchimistes, Templiers, Rose-Croix ou Francs-Maçons ne tendent qu’à la reconstitution de cette unité d’enseignement, figurée sous le symbole de l’édification d’un temple universel. »

C’est à formuler cette synthèse de tous les enseignements occultes et à établir la fusion de toutes les sectes d’occultisme que s’applique Papus, tant par la rédaction de son journal l’Initiation, auquel se rattachent en effet presque toutes les variétés d’occultisme actuellement florissantes, que par la réimpression de tous les ouvrages anciens où se trouvent les prétendus secrels de l’occultisme. Ainsi s’est fondé, en 1889, sous sa direction, le Groupe indépendant d’études ésotériques, qui a son quartier général à Paris, rue de