Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894, tome 2, partie 1.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas de valeur ; et pour que l’astrologie ait ainsi pris pied, se soit fait admettre comme vraie science par des savants, il faut bien qu’elle soit essentiellement diabolique.

On pourrait dresser une longue liste des plus fameux astrologues dans les temps anciens et modernes.

Sans aller jusqu’aux astrologues de l’ancienne Étrurie, nous trouvons chez les anciens Plotin, Jamblique, Porphyre, Proclus, Artémidore de Daldys. Au viiie siècle, Albumazar, dont se réclament les Auger Ferrier, Morin de Villefranche, Jérôme Cardan, Képler. On cite encore, parmi les personnages adonnés à l’astrologie : les rabbins de Judée, les tolbas arabes, Alphonse X, roi d’Espagne, Charles V, roi de France, Rodolphe II, empereur d’Allemagne, Savonarole, Campanella, Raymond Lulle, Trithème, Guillaume Postel, Pierre Bungo, Adrien Sicler, etc.

Le plus fameux des astrologues de la fin du dernier siècle, fut Giuseppe Balsamo, dit Cagliostro, franc-maçon luciférien, tristement célèbre par l’audace de son charlatanisme et l’étrangeté romanesque de ses aventures : on peut dire qu’il est le père de l’occultisme, tel qu’il est pratiqué de nos jours, et, à ce titre, il doit nous arrêter un instant.

Cagliostro (1748-1795), comme tous les imposteurs renommés, s’est appliqué à envelopper de ténèbres son origine et ses premiers pas dans la vie. Si nous en croyons Goëthe, qui a fait de savantes recherches sur Cagliostro, en vue de son drame le Grand Cophte, Giuseppe Balsamo, après avoir d’abord pris à Naples l’habit des Frères de la Miséricorde, se serait fait recevoir dans l’ordre des médecins, d’où il se serait fait chasser par sa mauvaise conduite. Diverses escroqueries le firent ensuite expulser de Naples, une entre autres envers un certain Marano, orfèvre, à qui il avait extorqué soixante onces en lui promettant la découverte d’un trésor caché. C’est alors qu’il adopta la vie d’aventures et de charlatanisme qui lui acquit une si grande célébrité.

Quelle vie, en effet, que celle de cet homme énigmatique ! Enrichi par une multitude de vols et de larcins, qui lui permirent de tenir longtemps un rôle de grand seigneur, il promenait son faste, ses impostures et ses prestiges par toute l’Europe. Moitié charlatan, moitié sorcier, il vendait aux uns un prétendu élixir de longue vie et des remèdes mirobolants qui devaient toujours rendre la santé, et devant les autres il prédisait l’avenir, évoquait de prétendus morts qui étaient bel et bien des démons, ainsi que cela a été démontré par le tribunal de la Sainte Inquisition où il échoua finalement.

C’est en 1772 qu’il vint à Paris pour la première fois. On l’y retrouve encore en 1780, ainsi qu’à Strasbourg, bientôt mêlé à la mystérieuse affaire du collier et vivant aux dépens du cardinal de Rohan. L’abbé Georget, secrétaire de celui-ci, nous le représente, dans ses mémoires, se livrant