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enfers, mais au sein de l’immensité des cieux, des génies, ses prétendus anges de lumière, présidant aux diverses parties de la création.

C’est en vertu de ce mensonge satanique que les prêtres du paganisme ont donné à adorer aux peuples, sous le nom de dieux, des démons qui brillaient censément au firmament et distribuaient la lumière. C’est ainsi que les païens, fanatisés par les impostures du diable, ont adoré un génie imaginaire du soleil, appelé Baal, Osiris, Bacchus, Mythra, Phœbus-Apollon, suivant les lieux, suivant aussi ses attributions diverses et les légendes fabriquées par les prêtres inspirés du démon. Ils ont adoré un prétendu génie de la lune, appelé Beelsama, Atergatis, Dagon, Derceto, Cabar, Hécate, Isis, Astarté, Junon, Diane, suivant les circonstances diverses. Le génie imaginaire de la belle planète Vénus n’eut qu’un nom, celui de Vénus, mais une multitude de surnoms et des légendes à remuer à la pelle. Sirius, la plus brillante des étoiles, eut un génie appelé Adonis, Horus, Mercure, Anubis. Quant à Jupiter, qui, dans le paganisme grec et romain, avait sous sa direction toute la voûte des cieux, son génie avait été antérieurement le même que celui du soleil, et ce génie du soleil, chez les Perses, par exemple, n’était autre que le Tout-Puissant.

On la voit, ce n’est plus de l’astronomie, cela ; c’est du diabolisme tout pur ; la main du diable apparaît nettement dans cet enseignement mystique classant les astres et les soi-disant génies.

C’est ainsi que l’astrologie a conduit directement ses fervents au sabéisme, qui était le culte des astres.

Et lorsqu’on étudie les mythologies anciennes, lorsqu’on les compare les unes aux autres, en partant de la pseudo-science des mages égyptiens et perses jusqu’aux mystères abominables du paganisme grec et romain, on retrouve partout, en des analogies frappantes, le caractère de l’orgueil et de l’imposture du Maudit, de l’archange révolté et déchu.

C’est Lucifer qui se fait adorer chez les uns comme soleil, foyer de lumière, et chez les autres sous le nom de Jupiter.

Quoi ! dira en haussant les épaules quelque sceptique de notre fin de siècle, Jupiter, c’était Satan en personne ?… Allons donc ! vous voulez rire ?

— Je ne plaisante pas, et rien n’est plus vrai. Qui dit Jupiter dit Satan. Il a pris même le nom de l’Éternel, Jov. Il s’intitule le père des hommes ; Jupiter ou Jov-pater ne signifie pas autre chose. Son autre nom Zeus est le nom de Dieu. Deus. Qui, sinon Dieu, le vrai Dieu, a créé la lumière ? Qui a dit que la lumière soit ? Eh bien, Satan, chez les païens, se faisait appeler père de la lumière, Diespiter. Et quant au véritable Dieu, l’archange déchu le relègue à l’arrière-plan ; tous les théologiens qui ont étudié les fausses religions de l’antiquité sont d’accord pour reconnaître cette audacieuse imposture du prince des ténèbres. Selon lui, Dieu, notre Dieu, n’est plus l’Éternel,