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tanisme des braidistes et des mesmériens, comment et pourquoi l’eau bénite viendrait-elle contrecarrer l’action normale, naturelle, de ce fluide ?

Donc, que cela soit bien entendu entre mes lecteurs et moi : lorsque j’écris ces mots de charlatanisme, de charlatan, je désigne uniquement une œuvre ou un artisan de supercherie, à l’occasion d’une pratique où le surnaturel n’est pas entré en jeu, comme dans le cas de la première séance (celle de pseudo-spiritisme) de la Germania que j’ai racontée ; mais je suis parfaitement d’avis que le diable a parfois la malice de se servir même des charlatans pensant le moins à lui.

Et tout de suite je vais montrer une de ces manœuvres de Satan, en racontant la curieuse histoire de Wladimir.

Wladimir est vivant ; il habite Paris ; il est bien connu dans le monde des spirites, mais il n’est pas luciférien ; il appartient aux groupes qui ont adopté les théories de Rivail, dit Allan-Kardec. De son état, il est représentant d’une fabrique de pipes, et, comme tel, il est en relations quotidiennes avec les débitants de tabac de la capitale ; tout en leur faisant l’article pour les pipes de son patron, il s’efforce de les convaincre de la réalité du « peresprit » ; il tâche de leur glisser, mais gratuitement, son spiritisme ; gratuitement, car il n’en fait pas commerce ; il est du nombre des spirites qui paient, et non de la catégorie des Leymarie qui se font payer. C’est un convaincu.

En outre, Wladimir est veuf, deux fois veuf ; mais il en est, néanmoins, à sa quatrième femme. N’en soyez pas étonné outre mesure ; tout va s’expliquer.

La première femme de Wladimir était une mulâtresse, de la Martinique, assez jolie, en dépit de sa peau ultra-brune ; elle avait, assure son mari, mille qualités : mais la principale, aux yeux de Wladimir, c’est que madame était spirite comme lui.

« Ils étaient Âmes-sœurs, venues de l’ératicité », c’est-à-dire de l’éther ; « ces deux âmes-sœurs s’étaient rencontrées sur terre, vraiment destinées l’une à l’autre. » Du moins, telle est la conviction de Wladimir, et il ne manque pas de le répéter, chaque fois qu’il a occasion de parler de sa première défunte.

Ce mariage a été très heureux, paraît-il : mais cette union si bien assortie fut de courte durée. La négresse de Wladimir mourut bientôt, emportée par une rapide maladie.

Wladimir n’ayant aucun goût pour le célibat, se remaria. Cette fois, il eut la malechance de ne pas tomber sur une âme-sœur. Sa deuxième épouse fut juste la contre-partie de la première. Loin d’être spirite, elle le contredisait à outrance, chaque fois qu’il ouvrait la bouche pour vanter le système d’Allan-Kardec. Elle lui faisait des scènes, se montrait emportée, cassait des