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qu’un astrologue lui avait prédit qu’elle mourrait en un lieu nommé Saint-Germain.

Tous les astrologues étaient assurés des bonnes grâces de Catherine. Luc Gauric avait part à sa bienveillance. Auger Férier lui dédia son traité des Jugements d’astronomie sur les nativités.

Elle portait toujours sur la poitrine une peau humaine apprêtée par des sorciers, une peau d’enfant couverte de caractères talismaniques. Luc Gauric composa pour elle une ceinture magique, destinée à la préserver de tout accident.

Ce Luc Gauric, soi-disant prophète, fut trompé par le diable, ainsi que tous ses pareils. Il avait prédit à Henri II qu’il serait empereur et qu’il parviendrait à une heureuse vieillesse, s’il pouvait surmonter les dangers qui menaçaient sa cinquante-sixième et sa soixante-quatrième années. Or, Henri II ne fut jamais empereur et mourut à quarante ans. Ce qui prouve une fois de plus que Satan ne connaît pas l’avenir.

Catherine de Médicis mit tellement l’astrologie à la mode, à la Cour et dans le reste de la France, que la plupart des dames eurent à leurs gages un astrologue, qu’elles appelaient leur « baron », et qu’elles manquaient rarement de consulter tous les matins. Il serait difficile de faire la liste de tous les almanachs prophétiques qui parurent pendant son règne. Jean Vosiet, Toinot Arbot, Edmond Lemaistre, Michel Nostradamus le jeune, Maria Coloni, se distinguèrent parmi les plus abondants et les plus hardis pronostiqueurs. En 1574, Michel Nostradamus fit paraître son recueil des Prédictions des choses mémorables qui étaient à venir jusqu’en 1585.

S’il faut en croire Pasquier, la superstitieuse princesse n’aurait pas été moins livrée à la nécromancie qu’à l’astrologie. « La feue reine-mère, dit-il, désireuse de savoir si tous ses enfants monteraient à l’État, un magicien, dans le château de Chaumont, lui montra dans une salle, autour d’un cercle qu’il avait tracé, tous les rois de France qui avaient été et qui seraient, lesquels firent autant de tours autour du cercle qu’ils avaient régné ou qu’ils devaient régner d’années ; et comme Henri III eut fait quinze tours, voilà le feu roi qui entre sur la carrière gaillard et dispos, et qui fit vingt tours entiers, et, voulant faire le vingt-unième, disparut. À la suite, vint un petit prince, de l’âge de huit à neuf ans, qui fit trente-sept ou trente-huit tours, et après cela toutes choses se rendirent invisibles, parce que la feue reine-mère ne voulut pas en voir davantage. »

Si ce n’était pas une histoire arrangée après coup, ainsi qu’il était facile de le faire au temps où Pasquier écrivait, il y aurait eu une erreur de quelques années de la part du devin relativement au règne de Louis XIII et ce serait peu de chose.

À toutes les dispositions à la magie, dont elle était abondamment pourvue,