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Puis, le silence s’étant établi, le Souverain Patriarche prononce d’une voix grave et solennelle :

Adonaï-Begon-Galchol.

L’interprétation, qu’il est facile de trouver, et qu’au surplus on ne cache pas aux palladistes, est des plus significatives.

Grazzin est la transcription irrégulière de Garizim ; il y a là une sorte de jeu de mots, autour d’un pluriel chaldéen. Grazzin, qui se trouve dans le Gennaïth-Menngog, dissimule le mot hébreu Garizim, colline du haut de laquelle fut béni le peuple juif. Gorez, pluriel chaldéen GRaZiN, signifie encore : qui coupe, qui tranche, et aussi : qui tue avec la hache.

Javan-Abaddon, dit le Mage Élu ; c’est-à-dire : Javan, l’Ionie, la Grèce, le génie hellenico-romain, le génie du paganisme. Qui donc est l’esprit qui inspira le paganisme, si ce n’est Satan ? Abaddon, exterminateur. Le visiteur proclame donc l’extermination, dès son entrée.

Et l’assistance, joyeuse, lui réplique par cette clameur : Beamacheh-Bamearakh, à faire périr dans le plus bref délai.

À faire périr dans le plus bref délai, qui ?

C’est le président de l’assemblée qui va nous l’apprendre.

Adonaï ; n’oublions pas que tel est le nom sous lequel les maçons vrais initiés désignent le Dieu des chrétiens. Adonaï, qui signifie le Seigneur. Ils l’interprètent par : le Seigneur (du ciel opposé au ciel de Lucifer), le Seigneur des ténèbres, le Seigneur exécrable, abominable. Et ne croyez pas que c’est là une interprétation de fantaisie. Pour qu’il n’y ait aucune erreur, on a ajouté : Begon-Gal-Chol, en exécration à tous.

Donc : le Génie (notre génie, notre dieu) sera l’exterminateur. Et qui est à faire périr dans le plus bref délai ? Adonaï, en exécration à tous.

Après le blasphème contre Dieu, voici à présent l’acte sacrilège contre le Christ, sacrilège qui marquera l’entrée du visiteur, sacrilège qui le rendra définitivement digne de l’assemblée.

Le Mage Élu est encore à l’occident. Un énorme crucifix est posé par terre, à quelque distance, devant lui.

Les frères juifs qui sont présents forment la voûte d’acier ; les sœurs juives restent à leurs places, palmes en main.

Le visiteur s’avance alors, sous les glaives croisés, à travers cette haie vivante ; il marche sur le crucifix, il le foule aux pieds. Il a bien mérité maintenant de la haute juiverie assemblée au temple de Melchisédech.

Quand il est arrivé ainsi à l’autre bout de la voûte, une sœur s’approche, de lui, lui donne le baiser en cinq points, et lui dit :

Lo-Hammi.

Ce qui signifie : pas mon compagnon.