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impartiale, qui doit surtout élever la voix. Si toutes les Loges du monde s’unissaient à l’appel des Consistoires, ce soulèvement formidable des consciences ferait reculer l’intolérance et la barbarie cléricale. »

Une des plumes les plus acérées et les plus violentes de cette revue, — qui mériterait tous les anathèmes, n’eût-elle fait que prêcher et populariser sous le titre de Morale indépendante la négation de toute religion et de toute morale, — est celle d’un maçon juif, ami intime de Heine, et l’héritier de ses doctrines néfastes, Alexandre Weill. En lui s’incarne toute la haine qui peut entrer dans le cœur d’un maçon juif contre le Christ et la société chrétienne. Et celui-ci est resté foncièrement juif ; bien plus, il se donne comme le résurrecteur du seul véritable Mosaïsme inconnu jusqu’à lui, comme l’héritier de Moïse et des prophètes ; un peu plus, il se dirait le Messie attendu d’Israël. Mais il a au moins un mérite : c’est de dire franchement ce que la plupart de ses coreligionnaires enveloppent de restrictions et d’hypocrites sous-entendus. Il faut nous arrêter un instant sur cette curieuse figure.

Ce qui domine chez ce juif, doublé d’un franc-maçon enragé, c’est l’impudeur et le cynisme.

Un trait, raconté par lui-même dans son récit intitulé Ma jeunesse, nous donnera une idée de la pudeur de l’enfant et de la liberté de mœurs qui régnait dans une famille juive d’Alsace vers 1820.

« Une de mes sœurs, jalouse de moi, prétendait devant ma mère que, toute fille qu’elle était, elle ne me cèderait jamais le pas et qu’elle saurait faire tout ce que je ferais. « Ah ! m’écriai-je, tu sais faire ce que je fais ! » et, ouvrant la fenêtre avec fracas, puis, reculant au milieu de la chambre, je lâchai un arc-en-ciel d’eau à travers la croisée : « Fais cela ! lui dis-je. » Ma mère, qui riait d’ordinaire de tout son corps, se tenait les reins de ses deux mains. L’histoire se conta de bouche en bouche, et le soir, en sortant de la synagogue, je fus embrassé par toutes les femmes du village. »

Né, comme il le dit lui-même, dans une époque « où les principes de 89 ont commencé à pénétrer la moelle du judaïsme », il se sentit de bonne heure appelé à être le porte-voix de l’incrédulité : « À cinq ans et demi, après avoir traduit le premier verset hébraïque « Avec le commencement Dieu créa les cieux et la terre », je demandai à M. Lévy, mon maître d’école : « Et qu’est-ce que Dieu a fait avant de créer le monde ? » Au lieu de me répondre, il m’appliqua sur l’épaule une douzaine de coups de règle, en s’écriant : « Malheureux, tu renieras la foi d’Israël ! » De fait, il a dit vrai. J’arracherai avec la racine l’ivraie pullulente de toutes les religions fondées sur l’erreur philosophique. Là est ma mission… J’ai toujours eu peur de ne pas vivre assez longtemps pour accomplir cette œuvre, qui ne touche pas seulement au judaïsme, mais à toutes les doctrines du christianisme, reposant