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Une lettre citée par Baruel[1] prouve en toute évidence de quelle large influence les juifs de Piémont jouissaient en 1806 dans les sociétés secrètes :

J. † M.                 Florence, 1er août 1806.

« La secte judaïque parait en tout ennemie et séparée des autres ; mais réellement elle ne l’est pas. En effet, il suffit que l’une de celles-ci se rende ennemie du nom chrétien pour qu’elle la favorise, la soudoie et la protège. Et ne l’avons-nous pas vue et ne la voyons-nous pas encore prodiguer son or et son argent pour soutenir les modernes sophistes, les franc-maçons, les jacobins, les illuminés ?… Je n’avance autre chose que ce qui m’a été dit par les juifs eux-mêmes, et voici comment :

« Pendant que le Piémont, dont je suis natif, était en révolution, j’eus lieu de les fréquenter et de traiter confidemment avec eux… Ils me firent les plus grandes offres et me donnèrent toute leur confiance. Ils me promettaient de me faire devenir général, si je voulais entrer dans la secte des francs-maçons : ils me montrèrent des sommes d’or et d’argent qu’ils distribuaient, me dirent-ils, pour ceux qui embrassaient leur parti, et voulaient absolument me faire présent de trois armes décorées des signes de la franc-maçonnerie, que j’acceptai pour ne pas les dégoûter et pour les encourager à me dire leurs secrets. Voici donc ce que les principaux et les plus riches juifs me communiquèrent en diverses circonstances :

1° Que Manès et l’infâme Vieux ou vieillard de la Montagne étaient sortis de leur nation ;

2° Que les francs-maçons et les illuminés avaient été fondés par deux juifs dont ils me dirent les noms, qui, par disgrâce, me sont échappés de la mémoire ;

3° Qu’en un mot, d’eux tiraient leur origine toutes les sectes antichrétiennes, qui étaient à présent si nombreuses dans le monde qu’elles arrivaient à plusieurs millions de personnes de tout sexe, de tout état, de tout rang et de toute condition ;

4° Que dans notre seule Italie, ils avaient pour partisans plus de huit cents ecclésiastiques tant réguliers que séculiers, parmi lesquels beaucoup de curés, de professeurs publics, de prélats, quelques évêques et quelques cardinaux ; que, dans peu, ils ne désespéraient pas d’avoir un pape de leur parti ;

5° Que pareillement en Espagne, ils avaient un grand nombre de partisans même dans le clergé, bien que dans ce royaume fût encore en vigueur la maudite Inquisition ;

6° Que la famille des Bourbons était leur plus grande ennemie, que dans peu d’années ils espéraient l’anéantir ;

7° Que, pour mieux tromper les chrétiens, ils feignaient eux-mêmes d’être chrétiens, voyageant et passant d’un pays à un autre avec de faux certificats de baptême qu’ils achetaient de certains curés avares et corrompus ;

8° Qu’ils espéraient à force de cabales et d’argent obtenir de tous les gouvernements un état civil, comme cela leur était déjà arrivé dans plusieurs pays ;

9° Que, possédant les droits de citoyens conne les autres, ils achetaient des

  1. Copie d’une lettre que, moi, Augustin Barruel, chanoine honoraire de Notre-Dame, j’ai reçue à Paris Le 20 août 1806. Je n’en cite que les passages les plus saillants.